Depuis l’Antiquité, les hommes cuisinent du vin épicé. C’est de lui que dérive notre vin chaud actuel. Cependant, il est difficile de savoir à quelle température il était bu, et de séparer ainsi l’histoire du vin aux épices de celle du vin chaud.
La plus ancienne recette de vin épicé date d’environ 20 après J.C. Elle se trouve dans l’ouvrage d’Apicus De Re Coquinaria. Ce vin, le conditum paradoxum («vin épicé surprise»), mélange le vin avec de nombreuses épices: poivre, mastic, nard, laurier, safran, noyaux de dattes torréfiées et dattes. Ces épices, ajoutées à du miel mis à bouillir, sont ensuite diluées dans le vin.
Au Moyen Âge, on connaît de nombreux vins épicés : le pimen (qui porte bien son nom, puisqu’il s’agit d’un vin au piment), le moretum et bien sûr, l’hypocras. Le commerce d’épices se développe, et on en retrouve de nombreuses dans ces vins (cardamome, cannelle, girofle, etc.). Toutes ces recettes nous sont parvenues grâce à plusieurs traités de cuisine médiévaux. Dans certaines d’entre elles, le vin chauffe avec les fruits et les épices, mais il n’y pas de précision sur la manière de le consommer ensuite.
Il est cependant sûr que dès le XVIe siècle, on retrouve en Scandinavie un vin chaud sucré et épicé :le Glögg. Ce nom, attesté dès 1600, signifie «vin chauffé». Il désigne un vin chaud agrémenté de miel, de cannelle, de gingembre, de cardamome et de clous de girofle.
A l’origine, il s’agit d’une boisson aristocratique. On dit que c’était la préférée du roi Gustave Ier (1495-1560). Elle devient de plus en plus populaire au fil des siècles, et consommée par toutes les classes sociales, surtout au XIXe siècle. En tant que boisson hivernale, elle devient peu à peu liée aux festivités de Noël.
Un autre vin chaud historique et populaire est le Glühwein d’Allemagne. Ce mot signifie littéralement «vin fumant». Apprécié dans toutes les régions germanophones, il s’est exporté jusqu’en Russie. Le Glühwein se compose de vin rouge épicé avec des bâtons de cannelle, des clous de girofle, de l’anis étoilé, de l’orange, du sucre et parfois des gousses de vanille. Comme le Glögg, il est parfois agrémenté d’alcool plus fort, pour contrer le froid hivernal.
La première mention du Glühwein date des années 1420. Elle est liée au comte Jean IV de Katzenelnbogen, un noble allemand cultivateur de raisin du XVe siècle.
A la fin du XIXe siècle, le Glühwein devient comme le Glögg une tradition de Noël. La popularisation du vin chaud, notamment en Europe, doit beaucoup au développement des marchés de Noël de la fin du XIXe et du XXe siècle. (On reviendra très bientôt sur le sujet !!). Aujourd’hui, il fait partie intégrante des folklores de cette fête, en réchauffant les courageux qui bravent le froid de décembre pour arpenter les rues…
Mots-clés: Histoire antique; Moyen Âge; Recettes
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