Situé au cœur de la Vieille-Ville, le passage de Monetier est un ancien chemin de ronde du XIVe siècle. Il relie la rue du Perron à celle des Barrières. Contrairement à d’autres passages similaires de la ville, il a survécu aux nombreuses reconstructions dans l’enceinte de la cité. Aujourd’hui encore, il s’ouvre un week-end par an, pour les festivités de l’Escalade.
Plusieurs hypothèses débattent sur la datation du passage. Il est probable qu’une partie de cette ruelle, celle proche de la rue du Perron, suive le tracé des anciennes fortifications antiques. Elle aurait donc, déjà, à cette époque, servi de chemin de ronde, et ce jusqu’au Xe siècle.
A l’entrée du passage, une carte indique que celui-ci se trouvait au XIIe siècle «au pied du cloître capitulaire de Saint-Pierre». C’est à cette époque, entre le XIIe et le XIIIe siècle qu’il adopte son tracé actuel, entourant et protégeant une partie de la colline de Saint-Pierre. Il ne s’agit alors que d’un sentier. Il faudra attendre le XIVe siècle et les nouveaux bâtiments construits autour pour que ce sentier devienne une ruelle, avec des murs des deux côtés.
Ces passages, nombreux durant l’époque médiévale, ont plusieurs utilités. Ils permettent de passer rapidement d’un quartier à l’autre en cas d’attaque ou d’incendie. Ils servent aussi d’égout à ciel ouvert.
L’origine du nom Monetier n’est pas certaine. D’ailleurs, ce n’est que très récemment que l’orthographe «Passage de Monetier» s’est fixée. On retrouve, dans les journaux, au début du XXe siècle, quatre variantes du nom: avec ou sans «de», et avec un ou deux «n». Cette seconde orthographe, Monnetier, a parfois établi des liens entre le nom du passage et celui du village français au pied du Salève, mais cette hypothèse est aujourd’hui complètement écartée.
Deux origines sont possibles pour ce nom. Monetier vient peut-être du terme munimentum, qui désigne un mur ou un rempart, et appuie la proximité entre le passage et les anciennes fortifications. Aussi non, le nom dérive peut-être du mot monastier, rappelant la présence des édifices religieux à ces cotés. La Madeleine d’un côté, mais surtout la cathédrale Saint-Pierre, dont il entourait le cloître.
La renommée du Passage de Monetier vient du fait qu’il s’ouvre au public une fois par an, lors de l’Escalade. Pendant les festivités qui animent la ville aux alentours du 12 décembre, il est possible de marcher dans l’ancien passage, qui, à la fin de son tracé, n’est large que de 50 cm…
Cependant, contrairement aux idées reçues, aucun évènement de la nuit du 12 décembre 1602 ne s’est déroulé à cet endroit. C’est en tant que rare vestige de cette époque, et comme témoin des passages médiévaux qui sillonnaient la ville que le passage est emprunté. Il donne une idée ce que à quoi ressemblaient les ruelles et chemins de ronde de la ville fortifiée de 1602, héritière de ces remparts médiévaux qui l’enfermait sur elle-même…
Mots-clés: Histoire Suisse et genevoise; Noms de rues
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Louis Blondel. « Chronique archéologique pour 1948 ».Genava, n°27, 1949. En ligne sur e-periodica.
Site des noms géographiques du canton de Genève.
Delphine Palma. « Les secrets des petites ruelles de la Vieille-ville ». Leman Bleu, 06.12.2022. En ligne ici.
Photographies de l’auteure.