La Place de Neuve fait partie des places les plus emblématiques de Genève. A l’origine construite autour d’une des portes des fortifications de la cité, elle prend une ampleur et une importance considérable durant le XIXe siècle, avec la construction de plusieurs bâtiments culturels sur le lieu des anciennes murailles.
Genève a toujours été une ville fortifiée, même si ses remparts ont évolué au cours du temps. Au XIIe siècle, des fortifications encerclent la ville en englobant une plus grande surface que durant les siècles précédents, notamment en incluant désormais le faubourg de Saint-Gervais. En 1564, pour protéger au mieux la cité (qui est devenue une ville réformée, entourée de terres catholiques), plusieurs portes sur les remparts sont condamnées.
Les autorités suppriment les portes de la Corraterie, de Saint-Léger et de Saint-Antoine au profit d’une seule nouvelle porte, nommée alors la porte Neuve. Elle restera en place jusqu’en 1740. A cette date, on déplace la porte pour la reconstruire plus proche du Rhône. De «simple porte», elle devient un bâtiment monumental avec un pont-levis. L’édifice accueille même un temps les bureaux du général Guillaume-Henri Dufour.
Lorsqu’au milieu du XIXe siècle le gouvernement genevois décide d’abattre les fortifications, la porte subit le même sort. Sa démolition a eu lieu en 1853, et la place devant laquelle elle se dressait commence peu à peu à changer de visage.
La place que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de Place de Neuve doit son nom à sa fameuse porte. Elle s’appelait alors la place de la porte Neuve. Cet endroit précis a subi de nombreux aménagements au cours du XIXe siècle. Tout d’abord, le Musée Rath, premier musée des beaux-arts de Suisse, y est construit en 1826. Le Conservatoire, construit en 1858, est presque à la place exacte de l’ancienne porte.
Le théâtre y tient aussi une place importante. Un premier théâtre, que l’on nomme familièrement le vieux théâtre trône sur la place depuis 1783. On le détruit en 1880, un an après l’inauguration d’un théâtre plus grand de l’autre côté de la place: le Grand Théâtre. Suite à cette démolition, la grille des Bastions est rallongée jusqu’à la rue de la Croix-Rouge (qui s’appelait alors la rue sous la Treille). C’est à cette occasion qu’elle reçoit les ornementations qui la surmonte toujours: les deux aigles de bronzes posés en 1887 et les six vases de marbre en 1896. La statue du Général Dufour complète la place depuis son inauguration en 1884.
Il y a débat parmi les Genevois, pour savoir si l’on dit Place Neuve ou Place de Neuve… Ce qui est sûr, c’est que son appellation d’origine est la place de la Porte Neuve. Cependant, quand on détruit la porte en 1853, l’appellation s’est déjà raccourcie pour Place de Neuve. Les deux orthographes (Place de Neuve et Place Neuve) se retrouvent dans les anciens journaux et sur les vieilles cartes de la ville.
Cependant, la version officielle est la Place de Neuve, en lien avec son ancien nom. Ce n’est pas une nouvelle place, mais la place d’une nouvelle porte. Il faut donc garder le «de», même en enlevant «la porte»…
Mots-clés: Histoire Suisse et genevoise; Monuments; Noms de rues
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Chaix, Benjamin. « 1782: Genève se dote d’un premier théâtre en dur ». Tribune de Genève, 23.10.2021. En ligne ici.
« Pourquoi les genevois, et même les TPG, disent place DE Neuve et place DE Grenus, alors que nous avons toujours dit place Neuve et place Grenus ? Pourquoi ce changement et est-ce devenu officiel ? ». Interroge, 10.05.2023. En ligne ici.
Rigotti, Maelle. « L’embellissement de Genève au XIXe siècle ». Blog du Musée d’art et d’histoire, 12.11.2024. En ligne ici.
Site des noms géographiques du canton de Genève.
Image 1. Photographie de l’auteure.
Images 2 à 4. Domaine public, Wikimedia Commons.