Inauguré en 1879, le Grand Théâtre de Genève est l’un des plus grands théâtres d’Europe. Construit grâce au legs du Duc de Brunswick à la Ville en 1873, il participe au rayonnement culturel de Genève à l’international. Cependant, il a connu un évènement tragique au début des années 1950. Ravagé par un incendie le 1er mai 1951, il faudra attendre plus de 10 ans pour qu’il soit remis à neuf.
Le théâtre n’est au départ pas très bien vu dans la cité calviniste. Jusqu’en 1738, les autorités protestantes limitent fortement les représentations théâtrales dans la ville. Sous l’influence de Voltaire, l’opéra commence à prendre place à Genève dans une salle de spectacle du quartier de Saint-Gervais.
Le premier théâtre genevois, le Théâtre de Rosimond, dit « La Grange des étrangers » (qui montre bien l’influence française et allemande sur l’arrivée du théâtre et de l’opéra à Genève), est construit en 1766. Cependant, un incendie le détruit en 1768…
Un autre théâtre lui succède aux Bastions en 1783. Trop exigu pour satisfaire la demande genevoise, il est démoli en 1880, après la construction du Grand Théâtre.
C’est en 1862 que naît l’idée de construire un plus grand théâtre à Genève. Elle n’est cependant réalisable que quelques années plus tard, grâce au legs de 24 millions de francs or laissés à la Ville de Genève par le duc de Brunswick en échange de son mausolée.
L’Etat participe aussi à la mise en place du théâtre grâce au don de la parcelle de terrain sur la Place Neuve, entre le Conservatoire et le Musée Rath.
Après un concours remporté par l’architecte Jacques-Élysée Goss, le chantier débute en 1874. L’arrivée de l’électricité permet aussi au théâtre d’allumer et d’obscurcir la salle, grâce à ses 2450 lampes alimentées en courant électrique par le Bâtiment des Forces motrices.
Le nouveau théâtre, inspiré de l’opéra Garnier à Paris, a une capacité de 1’300 places. Il ouvre ses portes le 2 octobre 1879 avec la représentation du Guillaume Tell de Rossini. Il connaît un succès immédiat, se classant dès ses premières représentations parmi les dix meilleurs opéras d’Europe.
Un drame survient quelques décennies plus tard, lors d’une répétition. Le 1er mai 1951, à 12h08, une épaisse fumée noire s’échappe du Grand Théâtre. Les comédiens et machinistes sont en pleine répétition de La Walkyrie de Richard Wagner.
Une bonbonne d’oxygène utilisée pour un effet pyrotechnique au dernier acte fait s’embraser le plateau et la cage de scène. L’incendie se répand dans tout le bâtiment. Les foyers, la façade et la bibliothèque sont les seules parties épargnées par les flammes.
L’ensemble des sapeurs-pompiers de la Ville interviennent, soit un total de 250 hommes. Ils s’activent tant bien que mal, puisque ce jour-là, leurs échelles sont en réparation… Il leur faut plusieurs heures pour maîtriser le feu, qui ne fera heureusement aucune victime.
La Ville met vite en place un projet de reconstruction. Cependant, la population le refuse via un référendum en 1953. Un autre devis de 11.6 millions sera finalement accepté, pour un projet qui modernisera le Grand Théâtre sans toucher à sa façade ancienne.
Le nouveau bâtiment de 1’500 places rouvre ses portes en 1962. Il est inauguré à nouveau par un opéra, le Don Carlos de Giuseppe Verdi.
« Incendie au Grand Théâtre », RTS Ciné-Journal Suisse, 10 mai 1951. https://www.rts.ch/archives/tv/information/cine-journal-suisse/10209025-incendie-au-grand-theatre.html
Mots-clés: Anecdotes historiques; Histoire Suisse et genevoise; Monuments
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