Érigé en 1879, le monument Brunswick est le premier et l’un des rares mausolées bâtis à Genève. Malgré de nombreux débats lors de sa construction, il prend place dans le paysage genevois suite aux dernières volontés du duc Charles II de Brunswick. Dans son testament, il lègue en effet toute sa fortune à la ville, en échange de son imposant tombeau…
Né en 1804 à Brunswick, Charles II devient orphelin à 11 ans. Il règne dès sa majorité sur le duché de Brunswick, mais ses idées ne font pas l’unanimité. Progressiste, il se heurte souvent aux idées de l’aristocratie locale, qui finit par le déclarer inapte à régner, et place son petit frère Guillaume à la tête du duché en septembre 1830.
Charles II s’enfuit alors à Londres. Il y passe de nombreuses années, avant de s’installer à Paris en 1851. Devenu paranoïaque, il se persuade qu’on cherche à l’assassiner. Il fait alors blinder son hôtel parisien, le transformant en une véritable forteresse.
En 1870, lors de la guerre franco-prussienne, Charles II quitte Paris pour s’établir à Genève. Après des années d’exil, de fuite et de méfiance, il passe trois années calmes à Genève, avant de mourir le 18 août 1873.
Charles II a joui toute sa vie d’une immense fortune, qu’il a gardée avec lui malgré ses fuites et ses exils. À sa mort, il lègue tout ce qu’il possède à la Ville de Genève. Cette fortune de 24 millions de francs or, équivaut à un milliard de francs actuels. En échange de cet argent, Genève doit donner au duc de belles funérailles et un mausolée majestueux :
Nous voulons que notre corps soit déposé dans un mausolée au-dessus de la terre, […] dans une position proéminente et digne. Le monument sera surmonté par notre statue équestre et entouré par celles de notre père, grand-père, etc., de glorieuse mémoire d’après le dessin attaché à ce testament en imitation de celui des Scaligeri enterrés à Vérone…
La décision est difficile pour Genève. La ville n’abrite en effet encore aucun mausolée à cette époque. De plus, les pratiques funéraires genevoises tiennent plus de la retenue que de la démesure. Enfin, la personnalité controversée du duc et sa position d’exilé amènent de longs débats politiques sur ce futur monument. Toutefois, Genève accepte de réaliser le mausolée, en le plaçant au jardin des Alpes.
Le monument est construit par Jean Franel en 1879. Il réplique le tombeau des Della Scala à Vérone. Flanqué de deux lions de pierre, il est surmonté et d’une statue équestre représentant le duc.
Le coût du monument monte finalement à plus de 1’750’000 francs. Après avoir retiré les frais du mausolée, l’héritage du duc permet d’éponger la dette publique, ainsi que d’élargir et de paver les rues. Il permet aussi de construire les abattoirs à la Jonction, une école d’horlogerie à Saint-Gervais, une école primaire aux Pâquis et le Grand Théâtre.
On observe cependant des détériorations dès 1880. En 1890, par peur d’un accident, on détruit la partie supérieure. La statue équestre du duc se retrouve à côté de l’Hôtel Beau-Rivage. Désormais, le monument Brunswick est inscrit comme bien culturel suisse d’importance nationale.
Vous voulez connaître l’histoire d’un autre monument?
« Le monument Brunswick à Genève Mausolée du Duc Charles II de Brunswick », 18.09.2021, sur suisso-romand.ch. En ligne ici.
« Le mausolée Brunswick de Vela, 1874 », site des archives d’Etat de Genève.
Images 1, 3, 4 et 5 : Photographies de l’auteure
Image 2 : Domaine public, Wikipedia Commons