Sur le chemin de l'histoire

L’histoire de Genève à travers ses noms de rues

En passant par la Cité

La rue Henriette et Jeanne Rath

Peintre et mécène à la tête d’une fortune qu’elle a acquise grâce à son art, Jeanne-Henriette Rath est une des premières artistes femmes à vivre de son pinceau. Avec sa sœur Jeanne-Françoise, elle contribue au rayonnement de Genève comme ville artistique en finançant la construction du Musée Rath, le premier musée des beaux-arts de Suisse.

Jeanne-Henriette Rath et les arts

Jeanne-Henriette Rath naît en 1773 à Genève. Elle acquiert très vite le goût des arts. Consciente de sa situation familiale compliquée (son père, horloger, a fait plusieurs fois faillite), elle décide très jeune qu’elle vivra de son art. Après des cours de dessins à Genève, elle suit les enseignements de Jean Baptiste Isabey à Paris, auprès duquel elle apprend l’art de la miniature.

Cet art particulier connaît alors un grand essor à cette époque. Il est effectivement à la mode d’avoir son portrait en miniature à transporter toujours avec soi. Ledit portrait se trouve souvent sur un objet de luxe du quotidien, comme une tabatière ou un boîtier de montres.

De retour à Genève, elle gagne sa vie comme portraitiste et comme copiste des tableaux de maîtres. Elle réalise également de nombreuses miniatures sur vélin, ivoire et émail. Elle se crée, grâce à son frère Simon Rath, lieutenant du tsar de Russie, une clientèle parmi les élites russes. Son talent reconnu à l’internationale lui permet d’exposer et de voyager dans de nombreux pays, ainsi que d’acquérir une fortune confortable.

Autoportrait de Jeanne Henriette Rath
Jeanne Henriette Rath, Autoportrait, Aquarelle, 1800.

Femme engagée

Henriette Rath ne se contente pas d’être peintre. Elle est aussi engagée pour l’art. Elle s’associe par exemple à d’autres artistes femmes pour animer, avec l’accord de la Société des arts, l’Académie des jeunes filles (autrement dit la section féminine de l’École de dessin de Genève).

Rattachée à cette Académie dès 1801, Henriette Rath est la première femme nommée membre associée honoraire de la Société des arts. A une époque où les femmes peinaient à se faire une place dans le monde de l’art (étant même exclues de la plupart des écoles artistiques d’Europe), Henriette Rath a donc su se créer une place prépondérante, comme artiste et comme femme. L’Académie des Arts de Genève était d’ailleurs une des rares écoles à enseigner l’art aux femmes.

Le Musée Rath
Léon Jean-Baptiste Sabatier, Genève Le Musée Rath, lithographie, 1860.

La fondation du Musée Rath

Jeanne-Henriette Rath et sa sœur Jeanne-Françoise, qui a vécu toute sa vie à ses côtés, sont aussi restées dans les mémoires pour leur grande contribution sur la scène artistique genevoise: le financement du Musée Rath. En 1819, elles héritent toutes deux de la fortune de leur frère Simon. Selon son testament, une partie de cette fortune doit être consacrée à la création d’un musée des beaux-arts, le premier de Suisse. Ce dernier doit aussi servir de siège à la Société des arts et accueillir les enseignements de peinture, dessin et sculpture.

Le legs de leur frère de 80’000 francs n’étant pas suffisant pour l’institution que les sœurs Rath comptent créer, elles mettent à disposition de la Ville de Genève une partie de leur fortune personnelle, à savoir 74’000 francs (acquise notamment par la vente des tableaux d’Henriette Rath), afin de faire construire ce bâtiment. Conçu par l’architecte Samuel Vaucher, le musée Rath ouvre ses portes le 1er août 1826 sur la Place de Neuve. Les sœurs Rath, quant à elles, ont ensuite vécu très proche du Musée, à la rue de la Corraterie, de 1830 à leur mort en 1856.

Le Musée Rath

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Sources

Jordan, Nathalie. « Jeanne Henriette Rath, talentueuse et indépendante ». Blog du MAH, 07.01.2020. En ligne ici

Revello, Sylvia. « Jeanne Henriette Rath, tout pour l’art et pour Genève ». Le Temps, 16.07.2019. En ligne ici

Solfaroli Camillocci, Daniela. « Jeanne Henriette RATH ». 100Elles*. En ligne ici.

Images

Images 1 et 3. Photographies de l’auteure.

Images 2 et 3. Domaine public, Wikimedia Commons.

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