Sur le chemin de l'histoire

L’histoire de Genève à travers ses chemins

En passant sur le Foron

Le chemin mémoriel de Thônex

Mis en place en 2022, le chemin mémoriel de Thônex raconte l’histoire de la commune, en tant que zone frontière avec la France durant la Seconde guerre mondiale. Sur plus de 5 kilomètres, en suivant le Foron, limite naturelle entre les deux pays, de nombreuses anecdotes sillonnent le chemin afin de raconter une histoire méconnue des résistants et passeurs français et suisses.

Le Foron, la frontière

Le Foron prend sa source dans les Voirons. Sur hui kilomètres, entre Machilly et l’Arve, il marque la frontière entre Genève et la France, longeant la commune de Thônex. Lorsque les frontières se ferment le 1er septembre 1939, la rivière devient le point à franchir pour tous ceux qui cherchent à passer: opposants au régime de Vichy, juifs, résistants, services secrets… Mais aussi certaines personnes qui passent d’un côté à l’autre pour raisons professionnelles. Dans cette catégorie, on retrouve divers métiers, comme les agriculteurs possédant des champs de part et d’autre du Foron, les employés des transports publics (tram et train), les médecins et les sapeurs-pompiers.

Les travailleurs ont des visas pour traverser la frontière désormais barricadée et ceinturée de barbelés. Les conditions de passage, pour les hommes et les marchandises qui continuent à passer d’un pays à l’autre sont souvent renégociées. Ils peuvent passer à certaines heures, avec leur laisser-passer et sans porter la moindre lettre ou le moindre papier.

Pour les autres, réfugiés et clandestins, ils tentent de passer le Foron à pied, avec le risque de se faire abattre par les soldats allemands. De nombreuses personnes, françaises et suisses, aident alors ceux qui tente le passage illégal de la frontière pour se rendre à Genève.

Chemin Mémoriel, douane de Moillesulaz

Passages et contrebandes

Jusqu’à l’occupation complète de la France le 11 novembre 1942, le chemin de fer qui relie Annemasse aux Eaux-Vives fonctionne régulièrement. Après cette date, seules les marchandises ont le droit d’emprunter le chemin de fer entre la France et la Suisse.

Commence alors la « Résistance Fer » en Haute-Savoie. Menée par les cheminots et les travailleurs des trains, elle permet aux fugitifs, résistants et aux renseignements de passer les frontières. Les clandestins grimpent peu après la gare d’Annemasse, cachés dans les hautes herbes, et descendent dans le tunnel de Grange-Canal, juste avant la gare des Eaux-Vives.

La longue frontière du Foron permet aussi aux plus audacieux de faire passer de la contrebande. Des marchandises passent illégalement dans les deux sens: beurre, tabac, pipes, etc. A Thônex, on retient surtout un nom célèbre dans ce domaine: Gaston Desclouds. Abbé à Thônex, il fait passer de nombreuses marchandises par le cimetière de la commune, qui donne sur le Foron. Grâce à l’argent de la contrebande, le curé Desclouds aide les nécessiteux, les malades, mais aussi les réfugiés et les résistants. Il confectionne de faux-papiers et des faux certificats de baptême pour les Juifs passant la frontière.

Chemin Mémoriel, passage du foron
Chemin Mémoriel, Marguerite Marmoud

Résistance au féminin

La résistance et la contrebande sont aussi féminines. Le chemin mémoriel met plusieurs femmes en avant, qui ont aidé à la résistance et au passage de messages et de personnes entre Gaillard et Thônex. Parmi elles, on retrouve en premier lieu les «Violettes», surnom donné à Irène Gubier et Marguerite Marmoud. Irène possède un moulin sur le Foron, dont le pont donne sur la France et la porte sur la Suisse. Avec l’aide de Marguerite Marmoud, elle fait surtout passer des renseignements par sa maison, surnommée alors le «Passage des Ambassadeurs». Arrêtées en janvier 1944, elles sont toutes deux déportées vers l’Allemagne. Seule Irène survivra, et reviendra ensuite en France.

On rencontre sur le chemin d’autres femmes méconnues, comme la factrice Angèle Beffy. Travaillant dans l’Ain, elle profite de sa position pour faire passer des messages et cacher des fugitifs. Il y a aussi Marguerite Hediger, vivant à Thônex, qui permet aux fugitifs de franchir la frontière en passant clandestinement à travers sa maison. Bien d’autres histoires sont encore à découvrir tout au long du chemin, entre horreurs de la guerre et courage de lui résister…

Chemin Mémoriel, Irène Gubier
Maison d'Irène Gubier sur le Foron

Vous voulez lire une autre histoire des noms de rues?

Partagez l'article ici

Sources

Retourvez tout sur le Chemin mémoriel de Thônex sur le site de la commune!

Herdandez, Miguel. « Thônex inaugure un chemin mémoriel le long du Foron ». Radio Lac, 11.05.2022. En ligne ici

Palma, Denis. « Thônex, un important lieu de passage de clandestins entre 1940 et 1945 ». Leman bleu, 12.05.2022. En ligne ici. 

Simon, Sophie. « Un chemin autour des héros de la Résistance ». Tribune de Genève, 15.05.2022. En ligne ici

Images

Photographies de l’auteure

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *