Selon les légendes qui se racontaient durant l’Antiquité grecque, les dés seraient une invention d’un héros de la guerre de Troie: Palamède. Afin d’occuper ces compagnons durant les dix ans de la guerre, il aurait inventé plusieurs jeux, notamment les échecs et les dés… Mais que peut-on retracer de ces petits objets qui amusent toutes les civilisations depuis des temps immémoriaux ?
Les plus vieux dés retrouvés, semblables à nos dés à six faces, sont vieux de plus de 4300 ans. Il est probable que les dés soient encore plus anciens. C’est dans la vallée de l’Indus que leur origine se trace, avec des mentions dans les premiers textes sanskrits.
Chez les écrivains antiques, les dés se confondent avec les osselets, étant tout deux fabriqués en os. Difficile de savoir lequel précède l’autre, et si leur utilisation est similaire ou dissociée. Les deux divertissements se retrouvent chez les auteurs grecs, notamment dans les tragédies.
Des dés ont été retrouvés dans de nombreuses tombes et sites archéologiques de l’Inde, de la Mésopotamie, de l’Europe et d’Amérique. Si les textes les décrivent comme des objets d’amusement, il est possible qu’ils aient eu d’autres fonctions, rituelles ou monétaires…
Nous avons plus de sources sur l’usage des dés il y a environ 2000 ans, à Rome et à Athènes. Textes, statues et fresques représentent des hommes en trains de jouer aux dés. Les dés sont alors cubiques, comme leurs équivalents modernes. Cependant, les nombres sur les faces ne s’opposent pas systémiquement de la même manière qu’aujourd’hui.
Chez les Romains, les dés et les jets de dés sont associés à des signes divins, montrant les faveurs et disgrâces des dieux envers leur lanceur. Les dés avaient donc probablement une place de choix dans certains rites divinatoires et dans la conception romaine du monde. Le fait que le mot «dé» et le mot «sort/hasard» soient définis par le même terme, alea (comme dans la célèbre locution Alea jacta est, que l’on traduit à la fois «le sort en est jeté» et «les dés sont jetés»), est significatif de ce mode de pensée. Les dés faisaient néanmoins l’objet de plusieurs interdictions durant les jours de fêtes, sauf pendant les Saturnales.
Au Moyen Âge, les dés gagnent en popularité dans toute l’Europe. Ils sont le passe-temps de toutes les classes sociales: chevaliers, étudiants, artisans, nobles, paysans, etc.. À la fois jeux de hasard et jeux d’argent, car ils sont presque systématiquement l’objet d’un enjeu pécunier, ils sont vu d’un mauvais œil par l’Eglise et l’Etat, qui tentent tous deux de les faire interdire. Les interdictions légales n’ont pas de grands effets, comme leur inlassable répétition semble le suggérer.
De plus, les dés, très petits, sont faciles à cacher. Afin tout de fois de limiter les triches, aussi fréquentes que les paris dans ces jeux de hasard, la confection des dés va se réglementer de plus en plus, avec l’arrivée d’un nouveau métier: le dicier (le fabriquant de dés). Dès le XVe siècle, les dés sont standardisés, notamment avec une disposition fixe des chiffres.
Mots-clés: Histoire antique; Jeux; Moyen Âge
Vous voulez découvrir l’histoire d’un autre jeu?
Eerkens, J. W., de Voogt, A. « The Evolution of Cubic Dice: From the Roman Through Post-Medieval Period in the Netherlands». Acta Archaeologica, 88(1), 2017, pp.163-173.
Nikulina, Elena, Schmölcke, Ulrich. « Les osselets, ancêtres du jeu de dés ». Pour la science, n°365, 01.03.2008. En ligne ici.
Ragot, Mathilde. « Une Histoire de jeux : les dés, du hasard divin à Las Vegas ». Geo, 19.09.2023. En ligne ici.
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