Le Cottabe est un jeu populaire de la Grèce antique et de l’Etrurie. Il se pratique surtout au Ve et IVe siècle avant notre ère. Il se déroule à la fin des banquets, autrement dit après avoir bu une certaine quantité de boissons, et consiste à jeter le reste de son vin sur une cible…
Durant cette période des Ve et IVe siècle avant J.-C., le banquet est un moment de codification stricte. Participer aux banquets est un signe d’appartenance à un groupe social, et prouve que l’on sait se tenir en communauté en suivant les règles.
Le banquet se divise en deux parties. Durant la première, on mange. Durant la seconde, on boit. Cette deuxième partie s’appelle le symposium, ce qui signifie «boire ensemble». Le vin qui y est servi est coupé à l’eau. La consommation de vin pur est une transgression, et vu comme une mauvaise habitude, qui montre qu’on ne sait pas refreiner ses pulsions.
L’hôte appelé le symposiarque décide du pourcentage de vin et d’eau dans la boisson servie à sa table. En tant que maître du banquet, il incite ses invités à boire, s’amuser, réciter des poèmes ou jouer de la musique. Le banquet est un moment de partage masculin. Les femmes n’ont pas le droit d’y participer, sauf si ce sont des hétaïres (des courtisanes).
En communauté, durant ce moment de symposium codifié, l’ivresse est ritualisée. Ainsi, elle n’est pas vue comme une mauvaise chose. Au contraire, le vin est indispensable, car il délie les langues et est favorable à l’échange. À l’inverse, boire en dehors de ces codes, ou en solitaire est vu comme une pratique barbare.
Le cottabe est un détournement d’un rite pratiqué au début des banquets: la libation. Lorsque tout le monde s’installe, on verse quelques gouttes de vin sur le sol en invoquant une divinité. Généralement, il s’agit de Dionysos. Pratiqué à la fin du symposium, le cottabe consiste à renverser la fin de sa coupe, en prononçant le nom d’une personne aimée.
La pratique devient ensuite un jeu. Le but est alors de faire tourner sa coupe sur un doigt pour ensuite projeter le reste devin dans un bassin placé à une certaine distance. Les joueurs prononcent, durant leur geste, toujours le nom d’un être aimé. La réussite devient alors un présage de succès amoureux, l’échec un mauvais augure. Le gagnant reçoit aussi parfois de petits lots: une pomme, un petit gâteau, un baiser…
Pratiqué en fin de banquet et donc à un moment où l’ivresse est à son comble, le verbe kottabizo («jouer au cottabe») devient par la suite un synonyme amusant et poétique du verbe vomir…
D’autres variantes du jeu ont existé au cours du temps. À la place du bassin en lui-même, les joueurs peuvent viser des soucoupes en terre qui y flottent. Celui qui coule le plus de soucoupes gagne. Une autre forme de cottabe consiste à atteindre avec son jet devin un plateau posé en équilibre sur une tige de métal. Le premier à faire tomber le plateau gagne.
Mots-clés: Histoire antique; Jeux
Vous voulez découvrir l’histoire d’un autre jeu?
« Boire ou jouer au Cottabe, inutile de choisir ». Nunc est bibendum, mars 2024. En ligne ici.
« Histoire du vin ». Dossier de l’Institut national de recherches en archéologie préventive. En ligne ici.
Languin, Irène. « Les Grecs sirotaient sec, dans le respect de rituels liés au vin». Tribune de Genève, 06.07.2024. En ligne ici.
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