Un jour, une histoire

Traditions antiques

Du 17 au 23 décembre

Les Saturnales

Juste avant le solstice d’hiver, les Romains fêtaient les Saturnales. Pendant quelques jours (de 3 à 7 selon les époques), de grandes célébrations en l’honneur de Saturne rythmaient la vie de Rome. Durant ces réjouissances, le système social s’inverse, et les banquets n’en finissent plus. On y retrouve des pratiques qui se perpétuent jusqu’à aujourd’hui, sous d’autres formes…

La légende de Saturne

Qui était Saturne ? Dieu romain, il est assimilé à la divinité grecque Cronos. Titan qui a mangé ses enfants avant de se faire bannir par son fils Zeus, sa légende est reprise dans la mythologie latine. Saturne est ainsi détrôné par son fils Jupiter, Puis, devenu humain, il se réfugie dans le Latium, bien avant la fondation de Rome.

Il y rencontre le dieu au double visage, Janus. Celui-ci l’accueille, et apprend grâce à lui l’agriculture. (L’attribut principal de Saturne est une faux, il est souvent associé à l’agriculture et à la civilisation). Sa venue dans le Latium correspond à un âge d’or, où l’humanité vit en harmonie, sans guerre et sans esclaves dans un système égalitaire.

Le souvenir de Saturne et de ces temps heureux est commémoré chaque année durant l’Antiquité romaine lors des Saturnales. Fête de Saturne, elle se déroule juste avant le solstice d’hiver. Comme beaucoup d’autres peuples, les Romains célèbrent donc le crépuscule de l’année, et les jours qui, dès cette date, se rallongent… Cette double vision du crépuscule et du renouveau peut aussi se rapporter au dieu Janus.

Les Saturnales
"Saturne". Gravure par Hendrick Goltzius d'après une fresque originale de Polydore de Caravage, 1592.

Le déroulement des Saturnales

Les Saturnales font partie des célébrations les plus importantes de Rome. Elles se déroulent juste après les semailles, ce qui explique aussi l’importance de Saturne dans ces réjouissances. Pour symboliser cette époque perdue d’abondance et d’égalité, les barrières sociales tombent.

Esclaves et maîtres sont invités à manger à la même table, et à partager les mêmes banquets. Tout le monde porte la tunique, afin que les élites ne se démarquent plus avec la toge. Certains textes parlent même d’ordre hiérarchique renversé, avec les maîtres au service des esclaves durant ces quelques jours.

On fait la fête, on mange, on boit, on ferme les écoles et on décore sa maison de guirlandes et de chandelles de cire… Les tribunaux ferment aussi. Il est interdit de condamner ou d’exécuter quelqu’un durant les Saturnales.

A la fin des festivités, on offre des cadeaux, surtout aux enfants. Les Saturnales se terminent avec la fête des sigillaires, où les enfants reçoivent entre autres des objets en terre cuite, souvent des petites statuettes. Pour cette fête particulière, on décorait également la maison avec des plantes ramenées à l’intérieur des murs.

Les Saturnales
Antoine Callet, "Saturnales", huile, XVIIIe siècle.

Les Saturnales aujourd’hui

De nombreux éléments des Saturnales se retrouvent encore dans nos fêtes actuelles, notamment à Noël, descendante directe des Saturnales. On ramène un arbre dans la maison, on s’offre des cadeaux, on se réunit pour manger ensemble…

Certains historiens font aussi des parallèles entre les statuettes offertes et celles qui composent aujourd’hui les crèches. Quant au renversement de l’ordre social, il se retrouve par la suite dans les carnavals, une autre fête chrétienne qui tire ses origines d’une autre fête romaine : les Lupercales.

 

Io, Saturnalia ! (Vive les Saturnales!)

Les Saturnales
John Reinhard Weguelin, "The Roman Saturnalia", gravure, 1884.

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Sources

Cartwright, Mark. « Saturnales ». World History 16.12.2016. En ligne ici

Charles Laforge, Marie-Odile. « Les Saturnalia de décembre ». Hypothèses, 17.12.2020. En ligne ici

« Et pourtant, Saturne », NUNC Association, site internet Nunc est bibendum. En ligne ici.

Kuntz, Joëlle. « Il était une fois. Les saturnales, fêtes du partage en hiver ». Le Temps, 24.12.2005. En ligne ici

Images

Images 1 à 4 : Domaine public, Wikimedia Commons

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