Art vieux de plusieurs millénaire, les tatouages ont traversé le monde et les époques. On en retrouve partout sur la planète, sur une période historique qui s’étend du IVe millénaire avant notre ère à aujourd’hui.
Surnommé aussi l’homme des glaces, Ötzi est un homme vieux de plusieurs millénaires. Il a vécu à une période estimée entre 3300 et 3200 avant notre ère. Des randonneurs l’ont découvert en 1991 dans la glace dans les Alpes de l’Ötztal, sur la frontière entre l’Autriche et l’Italie. Naturellement momifié et préservé, il s’agit de la plus ancienne momie humaine d’Europe.
Parmi les particularités d’Ötzi, on retrouve sur son corps 61 tatouages. Il s’agit d’incisions, remplies ensuite de charbon. Situés sur ses jambes, ces tatouages ont probablement été réalisés à des fins thérapeutiques. Des études radiographiques sur la momie montrent qu’Ötzi souffrait d’arthrose, et que ses tatouages suivent ses lésions.
D’autres momies tatouées ont été découvertes en Égypte. Elles se retrouvent dans des sites très différents, éloignés dans le temps et dans l’espace (de Deir el-Bahari à Assouan, et datant de 3000 av. J.-C jusqu’au tout début de l’ère chrétienne). Cependant, des doutes persistent sur la signification de ces tatouages.
Si le tout premier cas de tatouage recensé est d’ordre thérapeutique, la plupart des exemples de tatouages anciens ont une fonction d’appartenance. Ils mettent en lumière un lien entre les membres d’un même groupe, ou la hiérarchie au sein de celui-ci.
Des peuples européens se tatouaient par exemple encore au début de notre ère. C’est le cas des Bretons, décrits dans les récits de conquêtes de Jules César avec des tatouages d’animaux partout sur leur corps.
Dans d’autres civilisations, le tatouage est un signe d’exclusion. C’est le cas en Chine durant l’Antiquité, où dans la littérature, les personnages tatoués sont souvent des bandits. Durant l’Antiquité grecque et romaine, on retrouve aussi l’utilisation stigmatisante de tatouage. Attestés depuis de le Ve siècle avant notre ère, ils servent à marquer les criminels, les prisonniers de guerre et les esclaves.
Cette utilisation du tatouage s’est perpétuée durant des siècles. Au XVIIIe siècle, les autorités colonisatrices encourageaient toujours le marquage des esclaves. Au XXe siècle encore, durant la Seconde guerre mondiale, les prisonniers du IIIe Reich étaient tatoués de force avec un numéro d’identification.
En Europe, le tatouage disparaît peu à peu avec la christianisation du continent. En effet, suivant un texte de l’ancien Testament, le pape Adrien interdit au VIIIe siècle toute forme de tatouage.
Vous ne ferez point d’incisions dans votre chair pour un mort, et vous n’imprimerez point de figures sur vous. (Deutéronome 14.1, Lévitique chap. 19 verset 28).
Ce n’est qu’au XVIIIe siècle que les Européens redécouvrent les tatouages. Cette «nouvelle» culture est ramenée par James Cook de ses voyages dans le Pacifique Sud. En débarquant à Tahiti en 1769, il rencontre des autochtones tatoués. Le mot tatouage dérive d’ailleurs du mot tahitien tatau, qui signifie marquer, dessiner.
Ce sont ainsi les marins qui s’approprient en premier les tatouages parmi les Européens. Ils expriment là, comme les polynésiens dont ils reprennent les marques, leur identité et leur rang social.
Mots-clés: Anecdotes historiques; Evènements internationaux
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Geoffroy, Romain. « Le tatouage, un art primitif devenu populaire ». Le Monde, 10.03.2018. En ligne ici.
Hunter, Dan. « L’histoire et L’Origine des tatouages ». Constant reader, 28.11.2019. En ligne ici.
Queffelec, Derwel. « Comment le tatouage est arrivé en Occident ». France culture, 23.03.2021. En ligne ici.
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