Au milieu du Jardin anglais, promenade prisée des Genevois, se trouve une fontaine immense. C’est la plus monumentale des fontaines de la ville, et elle s’y dresse depuis 1863. Elle remplace alors une autre fontaine, jugée trop petite pour la splendeur et la taille du parc…
Le Jardin anglais est le premier parc genevois aménagé sur le modèle des jardins à l’anglaise. C’est de là qu’il tire son nom, même s’il s’appelait à l’origine la Promenade du Lac. Sa création découle de la décision de détruire les fortifications entourant Genève, un chantier qui débute en 1850.
Le Jardin anglais est une parcelle gagnée sur le lac, grâce aux remblayages dus à la démolition des fortifications et au comblement de l’ancien Port au Bois qui se trouvait à cet endroit. Il s’aménage dès 1854, et est lié aux autres chantiers alentours, notamment celui de l’Hôtel Métropole construit entre 1852 et 1854. L’embellissement de la Promenade est alors pensé selon les personnes prestigieuses qui y viendront, qu’il s’agisse des grandes familles genevoises ou des futurs invités de marque.
Durant toute la seconde moitié du XIXe siècle, le Jardin anglais connaît de nombreux aménagement. Une première fontaine s’y dresse dès 1857. En 1862, la construction du pont du Mont-Blanc amène des réaménagements du parc. En 1869, les Genevois inaugurent le Monument national à l’extrémité de la promenade. Même au XXe siècle, les embellissements continuent avec la création de l’Horloge fleurie en 1955.
Lors des aménagements de 1862, la fontaine du Jardin anglais est jugée désormais trop petite pour les nouvelles dimensions de la promenade. Les autorités genevoises cherchent donc à la remplacer par une autre fontaine. Avant cette nouvelle fontaine installée en 1863, les fontaines genevoises sont des monuments uniques, en pierre, produites de manière artisanale. La fontaine du Jardin anglais échappe à cette règle.
Les autorités la choisissent sur catalogue, parmi les créations de la fonderie parisienne Barbezat et Cie. Ce modèle de fontaine, parmi les plus populaires proposés par la fonderie, se retrouve dans de nombreuses autres villes d’Europe et du monde. Au milieu du XIXe siècle, les ornements «à la française» sont à la mode, et Genève ne déroge pas à la règle.
La fontaine, sculptée par le français Mathurin Moreau prend place au Jardin anglais en juin 1863. La mise en eau se fait deux mois plus tard, en août 1863. Avec ses 6.5 mètres de haut et son bassin en roche blanche de 11.4 mètres de diamètre, il s’agit de la fontaine la plus monumentale de la ville.
Mais que représente la fontaine du Jardin anglais? En s’approchant, entre les jets d’eau, on distingue quatre figures inspirées de la mythologie grecque. Il s’agit de deux couples, fortement liés à l’eau et à la mer. Sans surprise, les deux premiers protagonistes sont Poséidon, le dieu de la mer et sa femme Amphitrite. Cette dernière, reine des océans et maîtresse des monstres marins est une néréide, autrement dit une nymphe marine. Elle est la sœur de la deuxième figure féminine représentée, la néréide Galatée. Elle siège à côté d’Acis, un berger avec qui elle partage un amour merveilleux et tragique. En effet, Galatée est aussi aimée par Polyphème, fils de Poséidon. Fou de jalousie contre Acis, il arrache un morceau de l’Etna pour l’ensevelir dessous. Galatée, mortifiée et voyant le sang couler sous le rocher, le change en rivière. Elle s’y rend ensuite tous les jours pour s’y baigner.
Mots-clés: Contes et légendes; Histoire Suisse et genevoise; Monuments
Vous voulez connaître l’histoire d’un autre monument?
« L’extension du Jardin anglais, 1870 ». Archives d’Etat de Genève, exposition « Un songe de Genève ». En ligne ici.
Macherel Cathy. « Quand le Jardin anglais s’est embelli d’une fontaine parisienne ». Tribune de Genève, 03.08.2023. En ligne ici.
Ripoll, David. « La Fontaine du Jardin Anglais. Etude historique ». Ville de Genève, juillet 2007. En ligne ici.
Images 1et 4. Photographies de l’auteure.
Images 2 et 3. Domaine public, Wikimedia Commons.