Le réveille-matin est une invention du XIXe siècle. Si aujourd’hui on en trouve sur la plupart des tables nuit, il a longtemps été trop cher pour la majeure partie de la population. Alors comment se réveillait-on avant ?
D’après la légende, c’est à Platon que l’on doit le premier système de réveil. Quatre siècles avant notre ère, le philosophe aurait inventé une horloge hydraulique, avec un mécanisme de sifflement (ou de flûtes, selon les versions) qui sonnait toutes les heures lorsque la cuve d’eau était vide. Cela empêchait Platon de dormir lorsqu’il veillait la nuit pour travailler.
De manière plus sûre et plus universelle, c’est le coq qui a longtemps réveillé la majorité de la population. Dès l’Antiquité, il est un symbole du jour qui se lève, et pousse son cri le plus fort à l’aube.
Durant le Moye Âge, lorsque l’Eglise rythme la vie quotidienne, c’est le guetteur qui réveille la communauté dans les villes. La journée est découpée religieusement, selon les prières, les cultes, les moments de travail et ceux de veille ou de sommeil. Les feux s’éteignent le soir, et les cloches réveillent le matin. Des horloges garnissent les clochers dès le XIIIe siècle, avant de commencer peu à peu à s’infiltrer dans les autres bâtiments publics et privés, tout en restant des objets de luxe.
Au XVIIIe siècle, même si l’horlogerie est bien mieux développée, elle reste un secteur de luxe, accessible uniquement aux classes aisées. En 1787, l’horloger américain Levi Hutchins invente le premier réveil qui sonne tous les jours à 4h du matin pour le réveiller. Cependant, son invention reste confidentielle, puisqu’il ne l’a utilisé que pour son usage personnel.
Le premier brevet pour un réveille-matin est déposé en 1847 par l’horloger français Antoine Redier. Plusieurs appareils de ce type sont mis au point durant la seconde partie du XIXe siècle, mais restent coûteux. En parallèle, l’ère industrielle amène de nombreux ouvriers à devoir se lever tôt le matin, à heure fixe pour aller à l’usine. Ce ne sont pas encore les réveille-matin qui les tirent du sommeil.
Dans certains cas où les ouvriers vivent tous dans les mêmes quartiers, ils sont réveillés à coup de sifflet strident. Dans d’autres cas, ce sont les knockers ups, ou les «cogneurs» qui les réveillent. Le travail de ces personnes consiste alors à frapper aux fenêtres des personnes qui les engagent jusqu’à ce qu’ils se lèvent et ouvrent leurs volets. Ces cogneurs, comme les alarmes collectives, ont fonctionné jusque dans les années 1920, voire 1940.
Après 1880, les réveille-matin commencent à être fabriqués en série. Fatalement, leurs prix diminuent et ils deviennent de plus en plus populaires. Ils se composent alors d’une horloge avec deux cloches et une poignée. Cette dernière permet de les transporter de la chambre à la cuisine pour la journée, et de la cuisine à la chambre au moment du coucher. Cette forme, toujours connue aujourd’hui, est l’œuvre de la maison américaine Ansonia qui commercialise des réveils dès 1900.
De nombreux modèles et marques de réveils se développent au cours du XXe siècle. Dans les années 1940, le radio-réveil, un réveille-matin muni d’un récepteur radio, devient très populaire et permet un réveil en douceur plutôt que grâce à un bruit strident.
Tous les développements et avancées dans le domaine de l’horlogerie ont contribué à l’amélioration des réveille-matin, jusqu’à l’arrivée des alarmes sur les téléphones portables qui réveillent aujourd’hui une majeure partie de leurs propriétaires…
Mots-clés: Anecdotes historiques
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Agathe Guilhem. « Comment se réveillait-on avant l’invention du réveil? » Slate, 15.04.2015. En ligne ici.
Alexis Magnaval. « Comment se réveillait-on avant la création des réveils ? ». Radio France, 05.09.2022. En ligne ici.
Julie Gaudio. « Qui a inventé le réveille-matin? ». Tribune de Genève, 20.03.2019. En ligne ici.
Olivia Lepropre. “La petite histoire du réveille-matin ». Levif, 04.01.2016. En ligne ici.
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