Sur le chemin de l'histoire

L’histoire de Genève à travers ses noms de rues

En passant vers le lac

Les Pierres du Niton

Familières aux Genevois, les Pierres du Nitons sont le nom de deux rochers émergeants du lac Léman. Arrivées à Genève il y a 19’000 ans, elles ont toujours eu une place de choix dans l’histoire de la ville. 

Origines et légendes des pierres du lac

Âgées d’environ 320 millions d’années, les Pierres du Niton proviennent du glacier du Rhône. Lors de son retrait après la dernière glaciation il y a 19’000 ans, elles sont relâchées dans la cuvette lacustre.

Une légende genevoise donne une histoire différente sur l’origine de ces pierres. Elle raconte que Gargantua était mécontent après un festin donné à Nantua. De colère, il jeta deux pierres dans le lac, toujours visibles aujourd’hui…  

Certaines traces sur les pierres témoignent d’une possible utilisation rituelle des rochers. L’une des deux pierres a en effet un trou rectangulaire à son sommet (de 20 x 40 cm pour une profondeur de 20 cm environ). Cette marque laisse supposer que ces pierres servaient lors de cultes celtiques. On a d’ailleurs retrouvé en 1660 au pied des pierres deux haches datant de l’âge du bronze.

De plus, il existe de nombreuses hypothèses sur l’origine du mot « Niton ». En lien avec son hypothèse cultuelle, le mot est rapproché du nom de plusieurs divinités. On le rapporte à Neithe (ou Neith-on), un dieu celtique, à Neptune, voire même à la déesse égyptienne des eaux Neith. Il est aussi possible que le nom dérive du patois neiton qui signifie « Diable ».

Pierre du Niton et Pierre de Dyolin

L’utilisation scientifique des Pierres du Niton

Au XVIIIe siècle, les Genevois construisent de plus en plus d’infrastructures au bord du lac. Les riverains vaudois et valaisans leur reprochent alors de générer de fortes fluctuations du niveau du lac, causant d’importants dégâts sur leurs propriétés. Guillaume-Henri Dufour, ingénieur cantonal, décide d’utiliser la Pierre du Niton, réputée stable, comme point de repère pour surveiller le niveau du lac. Il y appose en 1820 un limnimètre, c’est-à-dire une plaque graduée servant à mesurer la hauteur de l’eau. Il démontre ainsi que les infrastructures genevoises, notamment la machine hydraulique construite en 1708, n’ont pas d’effets sur le niveau du lac.

Au XIXe siècle, on effectue aussi des relevés pour déterminer l’altitude de divers points de Suisse. Le pays n’ayant pas d’accès direct à la mer, les différents points sont calculés depuis les relevés français. En 1820, Charles-Marie Filhon, ingénieur-géographe français, mesure une altitude de 376,55m pour les Pierres du Niton. Après plusieurs relevés et cartes qui définissent des altitudes différentes pour la Suisse, de nouvelles mesures sont appliquées en 1902. Elles prennent comme point de référence pour tout le pays les Pierres du Niton, à une altitude de 373,60m. Elles sont encore aujourd’hui le point d’origine des calculs de nivellement suisses.

La ou les Pierre(s) du Niton ?

En face des pierres se trouve une rue nommée en leur hommage : la « Rue des Pierres-du-Niton ». Cependant, cette appellation n’est pas exacte. En effet, on devrait dire la Pierre du Niton. Il n’y en a qu’une, la plus éloignée du rivage, qui sert de point de repère et a des traces rituelles à son sommet. C’est elle que l’on nomme la Pierre du Niton.

L’autre pierre porte un autre nom : la Pierre de Dyolin. Selon les historiens et archéologues, ce nom se retrouve dans des textes médiévaux au XIVe siècle, et serait un nom allobroge. Cependant, je n’ai trouvé aucune explication sur l’origine de ce nom…

La rue des Pierres du Niton

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Sources

Lafargue, Xavier. « Les Pierres du Niton s’offrent un destin national ». Tribune de Genève, 02.10.2020. En ligne ici

Noms géographiques du canton de Genève: https://noms-geographiques.app.ge.ch/

Sesiano, Jean et al. « Les Pierres du Niton revisitées : soubassement, minéralogie, datation et origine ». Archives Des Sciences, n° 64, 2011, pp.81-90.

Images

Images 1 à 3: Photographies de l’auteure

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