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Le 11 mars 1869, un prêtre français en mission en Chine se trouve dans une région reculée du Sichuan. Il a la charge de répertorier les espèces animales et végétales du pays pour Henri Milne Edwards, zoologiste au Muséum national d’histoire naturelle de Paris. Dans ce lieu isolé et reculé des montagnes, il fait une découverte qui fera sa renommée… Celle du panda géant.
Armand David est un prêtre français, né en 1826 à Espelette. Il a toujours eu un goût prononcé pour l’observation de la nature. Après son ordination en 1850, il passe 10 ans à Gênes, où il enseigne les sciences naturelles.
En 1861, Henri Milne Edwards, zoologiste au Muséum d’histoire naturelle de Paris sollicite l’aide de missionnaires pour inventorier les plantes et animaux de Chine, très mal connus à cette époque. En 1862, le père Armand David est choisi pour cette mission et part pour Pékin.
Dès 1863, il sillonne la Chine, prenant des notes et envoyant des échantillons à Paris. La qualité de son travail lui permet de rester sur place de nombreuses années. En effet, les scientifiques du Muséum continuent de le financer car sa méticulosité est une aubaine pour eux. Il explore alors en détail ce pays méconnu de l’Occident.
En 1868, il se rend dans les régions de la Chine centrale et du Tibet oriental. Dans cet endroit dangereux (du point de vue de sa géographie), il se confronte à la méfiance des locaux. Pour se fondre dans le décor, il troque sa soutane pour des habits locaux, et porte même une natte manchoue.
Le 1er mars 1869, il atteint la région de Moupin, dans les montagnes du Sichuan. Face à lui se dresse d’immenses forêts. Il s’y installe pour 9 mois. Avant de partir pour cette région isolée, il discute avec Pierre-Julien Pichon, archevêque du Sichuan. Celui-ci lui parle d’un « ours-chat » vivant dans la région où il se rend. Cependant, lui-même n’en a jamais vu…
Le 11 mars, David part en excursion avec des chasseurs locaux. Il fait halte chez un homme qu’il nomme « Monsieur Li », qui lui offre du thé et des sucreries. Dans sa maison, le prêtre est intrigué par une peau noire et blanche pendue au mur…c’est celle du fameux « ours-chat » !
Il demande alors aux chasseurs de lui ramener un de ces ours des montagnes. Ils lui ramènent un jeune panda le 23 mars. Ils l’ont capturé vivant, mais lui expliquent qu’ils l’ont tué pour le transporter plus facilement…Une semaine plus tard, les mêmes chasseurs lui rapportent un panda adulte.
Dans ses notes, le père David nomme ce nouvel animal « Ursus melanoleucus », ce qui signifie « ours noir et blanc ». Il détaille ce premier spécimen qui lui est montré :
Le jeune ours blanc qu’ils me vendent fort cher est tout blanc, à l’exception des quatre membres, des oreilles et du tour des yeux qui sont d’un noir profond. Ces couleurs sont les mêmes que celles de la peau adulte que j’ai examinée l’autre jour chez le chasseur Li.
Il pense qu’il s’agit d’une espèce nouvelle d’ursidé qui est
Remarquable, non seulement par sa couleur, mais encore par ses pattes velues, en dessous, et par d’autres caractères…
La tête de l’animal est très grande, son museau rond est court au lieu d’être pointu comme chez l’ours de Pékin. Le noir est moins net que chez le jeune et le blanc est plus sale.
Évidemment, les pandas sont connus des populations locales avant cet épisode. Les Chinois les décrivent comme des animaux flegmatiques et plus faciles à capturer que les ours noirs. Ils ont observé qu’ils sont peu nombreux, se nourrissent de végétaux et se déplacent lentement. Les premiers écrits sur les pandas ont plus de 2700 ans. Ils sont également au IIIe siècle un symbole de paix pour les Chinois.
Armand David n’a théoriquement pas découvert les pandas. Cependant, il a prouvé leur existence à l’Europe en faisant parvenir le premier spécimen en Occident. (Ce premier panda empaillé est d’ailleurs toujours dans les réserves du Muséum national d’histoire naturelle de Paris.)
Après l’arrivée en Occident de ce premier panda, de nombreux chasseurs et naturalistes partent pour la Chine, dans l’espoir d’en capturer un. Cependant, personne ne voit de pandas pendant 60 ans…
Les frères Roosevelt deviennent les premiers étrangers à abattre un panda en 1929. Ils chassent l’animal pour le compte du Muséum d’histoire naturelle de Chicago. Après être longtemps restés cachés, les pandas vont exercer une véritable fascination sur le monde occidental. Entre 1936 et 1946, 14 pandas sont capturés pour être ramenés vivant dans différentes régions du monde. Pour arrêter ce mouvement, la Chine ferme ses portes à cette exploitation.
Cependant, on observe dès 1957 les débuts de la « diplomatie du panda ». C’est à cette date que la Chine commence à donner des pandas à certains gouvernements étrangers comme « Geste de bonne volonté ».
Symbole du WWF depuis sa création en 1961, le panda est aujourd’hui devenu une espèce porte-drapeau pour la conservation de la faune.
Mots-clés: Anecdotes historiques; Animaux
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Chaverou, Éric. « 1869 : Quand un prêtre français découvrit le panda », Radio France, 05.08.2017. En ligne ici.
History of the Giant Panda, 2004, publié sur le site du WWF .
Saint Sauveur, Charles De. « En 1869, le père Armand David découvrait le panda », Le parisien, 03.12.2017. En ligne ici.
Images 1, 3 et 4 : Pixabay
Image 2 : Domaine public, Wikipedia Commons