Sur le chemin de l'histoire

L’histoire de Genève à travers ses noms de rues

En passant par Plainpalais

La rue Jacques Balmat

Jacques Balmat est un alpiniste du XVIIIe siècle. Originaire de Chamonix et très familier des massifs alpins qui l’entourent depuis l’enfance, il est le premier homme à gravir le Mont Blanc. Il y retournera plusieurs fois, accompagnant d’autres alpinistes et scientifiques venus étudier de près cette montagne dangereuse…

La Montagne maudite

Avant le XVIIIe siècle, le Mont Blanc est appelé la Montagne maudite, ou le Mont Maudit. La montagne, dangereuse et mortelle, même pour ceux qui la connaisse bien, suscite une grande peur. La première carte à le nommer le «Mont Blanc» est celle du cartographe britannique William Faden en 1778. Un autre sommet du massif a gardé la dénomination de «Mont Maudit».

Lorsqu’au milieu du XVIIIe siècle les géographes et cartographes identifient le Mont Blanc comme le sommet de l’Europe, il devient un objet de convoitise, voire d’obsession pour certains. C’est le cas d’Horace Bénédict de Saussure. Né en 1740 à Genève, il étudie toute sa vie la science (botanique, physique, minéralogie, géologie, etc.) et est passionné par la montagne.

Cherchant à comprendre la nature des milieux alpins, de manière scientifique et loin de toutes les superstitions qui lui sont attribuées, il gravit plusieurs sommets des Alpes (le Buet, le Brévent, le Crammont…). En 1760, il lance un appel qui va attirer les convoitises. Il promet une forte récompense à quiconque gravira le Mont Blanc jusqu’à son sommet, et pourra l’y conduire. C’est la course au premier qui gravira la montagne maudite… et l’entrée en scène de l’alpiniste Jacques Balmat dans la vie d’Horace de Saussure.

Vue du Mont-Blanc depuis Sallanches
Pierre-Louis De La Rive, Vue du Mont-Blanc depuis Sallanches au crépuscule, huile, 1802.

Jaques Balmat, chasseur de cristaux et de chamois

Né dans la vallée de Chamonix en 1762, Jacques Balmat a passé sa vie dans les Alpes. Il gagne sa vie en chassant les chamois qui y vivent et en récoltant des cristaux et des minéraux dans la montagne. Les quartz notamment, sont nombreux dans les Alpes. Cependant, les trouver nécessitent une grande endurance et de très bonnes connaissances en alpinisme. Très demandés par les tailleurs et collectionneurs des grandes villes et particulièrement de Genève, leur récolte est un métier lucratif, mais très dangereux.

La forte récompense promise par de Saussure pousse Balmat à devenir l’un des alpinistes qui se lance régulièrement à l’assaut du Mont Blanc. Il entreprend une tentative infructueuse en solitaire début juillet 1786. A son retour, il apprend qu’un groupe de cinq guides a entrepris le trajet vers le sommet, et repart aussitôt les rejoindre. Il les suit jusqu’au col du Dôme, où les cinq compagnons font demi-tour. Balmat décide de continuer seul et improvise un bivouac. Il grimpe encore un peu, puis redescend sans atteindre le sommet. Il acquiert alors la certitude que l’ascension complète est réalisable.

Le 7 août, il repart vers le sommet, accompagné par le docteur Paccard, alpiniste et médecin à Chamonix. Ils parviennent en haut du Mont Blanc le 8 août 1786 à 18h23, sans crampons ni piolets. Paccard est rendu aveugle par la réverbération du soleil sur la neige, et devra effectuer son retour les yeux fermés.

Jacques Balmat, portrait, 1787
Louis Albert Guislain Bacler d'Albe, Jacques Balmat, huile, 1787. Bibliothèque nationale d'Écosse.

La montagne, à la vie à la mort

Balmat se rend alors à Genève pour raconter son exploit à Horace de Saussure. Il retourne ensuite au sommet le 5 juillet 1787 avec deux autres guides, avant d’y emmener de Saussure le 3 août 1787, accompagné de 17 guides et d’un domestique. C’est là que de Saussure effectue le premier calcul de l’altitude du Mont Blanc, qu’il estime à 4775 mètres. Il s’est trompé de 31 mètres, un écart faible au vu des techniques de calculs de l’époque…

Balmat continue à grimper au sommet du Mont Blanc, accompagné de guides, d’alpinistes et de scientifiques. En juillet 1808, il fait l’ascension avec Marie Paradis, qui devient alors la première femme à gravir ce sommet.

Jacques Balmat décède en 1834 à 72 ans. Il se trouve alors dans le massif du Griffe, sur le Grand Ruan. A la recherche d’un filon d’or, il est probablement mort en tombant dans une crevasse. Son corps n’a jamais été retrouvé…

Ascension de Mr. de Saussure au mont Blanc en 1787
Ad. Cuvillier, Ascension de Mr. de Saussure au mont Blanc en 1787, lithographie, 1861.

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Sources

Brunner, Katrin. « Pourquoi le ciel est-il bleu ? ». Blog du Musée national suisse, 03.08.2022. En ligne ici

Parmentier, Audrey. « Jacques Balmat et Michel Paccard, premiers aventuriers à réussir l’ascension du mont Blanc ». Geo.fr, 18.11.2023. En ligne ici. 

Site des Noms géographiques du canton de Genève. 

Images

Image 1. Photographie de l’auteure.

Images 2 à 4. Domaine public, Wikimedia Commons.

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