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Fonctionnelle depuis le 15 septembre 1857, la fontaine de l’Escalade a été installée et mise en eau sans cérémonie. Elle s’est inscrite dans le paysage sans inauguration, alors qu’elle commémore l’un des évènements genevois les plus célèbres.
Un rapide rappel historique. En 1602, Genève est une république protestante. Ville riche et prospère, elle est le fruit de nombreuses convoitises, qui l’incite à multiplier ses alliances avec Berne, Zurich, puis Soleure. Elle essuie de nombreuses attaques de la part de la Savoie. La plus célèbre date de 1602. La nuit du 11 au 12 décembre, 2000 soldats du duc de Savoie tentent de prendre d’assaut la ville, sans succès. Victorieux, les Genevois fêtent depuis ce triomphe chaque année le 12 décembre, par des festivités qui n’ont cessé d’évoluer au cours des siècles. (Et qui feront l’objet d’un très prochain article !)
18 Genevois ont trouvé la mort dans l’attaque ou sont morts de la suite de leurs blessures. Leur décès est toujours commémoré aujourd’hui.
En 1854, le sculpteur Johannes Leeb, de passage à Genève, propose au Conseil administratif de se charger de l’exécution d’une fontaine au bas de la Cité. Elle remplacerait l’ancienne, celle de l’architecte Adrien Krieg construite en 1841. Leeb présente un monument rappelant l’histoire de l’Escalade.
Le projet est adopté par le Conseil en 1856, et Leeb achève sa sculpture en mai 1857. Cependant, le bassin n’est pas encore achevé, et il faut attendre encore 4 mois avant d’installer la fontaine. Elle est mise en eau en septembre 1857. Toutefois, aucune inauguration solennelle n’est organisée. En effet, les tensions règnent à cette époque entre les conservateurs et les radicaux, et les magistrats craignent une émeute. De plus, il ne leur semble pas convenable de remémorer les luttes entre Genève et la Savoie.
La fontaine se trouve au milieu d’un grand bassin en granit du Mont-Blanc. Les éléments commémoratifs de la fontaine se situent sur trois niveaux. Le premier porte deux inscriptions, notamment les noms des victimes genevoises de l’Escalade. On y trouve aussi deux bas-reliefs, dont l’un montrant représentant une scène de bataille. Au-dessus se trouvent des personnages en bronze et la devise de Genève : Post Tenebras Lux. Enfin, la statue érigée en haut de la fontaine est une allégorie de Genève : une femme avec un bouclier.
Malgré l’inauguration discrète de la fontaine, elle est un des premiers exemples de statue monumentale à Genève. Elle est d’ailleurs à l’origine de l’idée du monument national érigé à Genève quelques années plus tard, en 1869.
Mots-clés: Histoire Suisse et genevoise; Monuments
D’ailleurs, avez-vous lu l’article d’Histoire et Historiettes sur le monument national?
Chollet, Nathalie. « La fontaine de l’Escalade », Genava, n°50, 2002, pp.181-200. En ligne sur e-periodica.
Image 1 : « Genève, gravure dite de la « Vraie représentation de l’Escalade » » vers 1667, par François Diodati (1647 – 1690), attribution incertaine, Bibliothèque de Genève, Centre iconographique genevois, N° d’inventaire 46P 1602 28 wa
Images 2 à 5 : photographies de l’auteure