Fondé à Genève en 1863, le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) est né de l’initiative de cinq Genevois. Ensemble, ils ont créé une organisation humanitaire internationale neutre, qui œuvre encore aujourd’hui pour «protéger la vie et la dignité des victimes de conflits armés et d’autres situations de violence».
Le 24 juin 1859, durant la Seconde guerre d’Indépendance italienne, le petit village de Solférino devient le théâtre d’un affrontement sanglant. Les armées autrichiennes font face à une coalition franco-sarde dirigée par Napoléon III. Les forces armées présentes sont impressionnantes, avec un total de plus de 330’000 soldats. À la fin des hostilités, le spectacle est abominable : près de 5’500 morts et plus de 40’000 blessés recouvrent le champ de bataille. Il faudra six jours aux forces en présence pour tous les évacuer. Matériel, main d’œuvre médicale, eau, nourriture… tout manque pour les soigner.
Présent à Solférino pour rencontrer Napoléon III, Henry Dunant arrive à la fin de la bataille. Pendant quatre jours, il décide d’aider à ses frais les soignants et infirmières, trop peu nombreux, présents sur place. Cette image le marque durablement, et il la retranscrit dans un ouvrage qu’il fait paraître en 1862, Un souvenir de Solférino. Plus que la bataille, c’est le traitement impossible des blessés qui transparaît au cours des pages, ainsi que leur souffrance, leurs cris et leur agonie.
Henry Dunant va faire parvenir son livre à différentes personnalités politiques et militaires à travers l’Europe. Très vite, l’ouvrage est traduit en onze langues.
Les malheureux blessés qu’on relève pendant toute la journée sont pâles, livides, anéantis …
[…] Celui qui parcourt cet immense théâtre des combats de la veille y rencontre à chaque pas, et au milieu d’une confusion sans pareille, des désespoirs inexprimables et des misères de tous genres.
[…] il faut donner à manger et avant tout à boire à des gens qui meurent de faim et de soif. Puis il faut panser leurs plaies, ou laver ces corps sanglants, couverts de boue et de vermine. Et il faut faire cela au milieu d’exhalaisons fétides et nauséabondes, à travers des lamentations et des hurlements de douleur, et dans une atmosphère brûlante et corrompue […]
N’y aurait-il pas moyen, pendant une époque de paix et de tranquillité, de constituer des sociétés de secours dont le but serait de faire donner des soins aux blessés, en temps de guerre, par des volontaires zélés, dévoués et bien qualifiés pour une pareille œuvre ?
C’est dans cet ouvrage que Dunant pose deux idées fondamentales à l’origine de la Croix-Rouge. La neutralisation des services sanitaires militaires sur le champ de bataille et la création d’une organisation permanente pour l’assistance aux blessés de guerre.
Il fait alors à ce moment la connaissance d’un jeune juriste genevois, lecteur de son livre: Gustave Moynier. Ce dernier, également Président de la Société genevoise d’utilité publique, y présente les idées de Dunant. Une commission se constitue alors en février 1863 pour créer le Comité international de secours aux militaires blessés. Ce comité est à l’origine du futur Comité international de la Croix-Rouge, et ses cinq membres fondateurs sont tous genevois : Gustave Moynier, Henry Dunant, le Général Dufour, Louis Appia et Théodore Maunoir.
Fin 1863, le CICR organise une réunion d’experts et de représentants de différents gouvernements. Ensemble, ils adoptent dix résolutions, qui posent les fondements de la Croix-Rouge. Sur les idées de Dunant, ils se mettent d’accord sur la création de sociétés nationales de secours qui seconderont les services médicaux militaires.
À la demande du CICR, le Conseil Fédéral convoque à Genève en août 1864 une conférence diplomatique. Elle aboutit à la création et à la signature de la Première Convention de Genève pour l’amélioration du sort des militaires blessés dans les armées en campagne. Cette dernière, signée par douze états européens, reconnait la neutralité des ambulances et hôpitaux militaires. Ils sont ainsi protégés et respectés par les pays belligérants.
De plus, cette première Convention adopte officiellement le symbole de la croix rouge sur fond blanc comme signe distinctif.
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