Figure mythique des premiers siècles de Rome, Clélie est une jeune femme romaine donnée en otage à la suite d’un conflit entre Romains et Étrusques. Elle va réussir à s’enfuir, sera ramenée en otage, puis récompensée pour sa bravoure.
Les premiers siècles de l’histoire de Rome sont peu connus. Il est difficile d’y séparer les faits des mythes, les principales sources qui en parlent ayant été écrites plusieurs siècles après les évènements.
Selon la tradition, des rois gouvernent Rome de sa fondation en 753 à l’instauration de la République en 509. Le dernier roi, Tarquin le Superbe, prend le pouvoir en assassinant son prédécesseur, Servius. C’est à son comportement tyrannique que l’on attribue la volonté du peuple et du sénat à mener une révolution pour mettre en place le système républicain.
En 509, Tarquin est chassé de Rome par son propre neveu, Lucius Junius Brutus. Les sources le considèrent comme le fondateur de la République de Rome, et le premier consul de la ville.
Tarquin, quant à lui, se réfugie chez le roi étrusque Porsenna, à qui il demande de l’aide pour reconquérir Rome. Ce dernier accepte, surtout pour l’intérêt stratégique que représente la prise de Rome.
En 507, après un long blocus de la ville, Porsenna accepte de lever le siège contre la restitution des terres étrusques précédemment conquises par les Romains et la livraison de plusieurs otages. Rome accepte. Parmi les otages se trouve une jeune femme, Clélie, qui va changer l’issue de cette bataille…
Amenée en otage dans le camp étrusque, Clélie est une jeune femme romaine connue dans les légendes pour sa ruse. Elle va demander à pouvoir se baigner dans le Tibre, avec les autres femmes. Les soldats acceptent. Refusant d’êtres vues nues par les soldats, les femmes profitent du fait qu’ils leur tournent le dos pour s’enfuir en nageant.
Elles traversent le Tibre, leur tunique enroulée sur la tête. Dans certaines versions, un cheval les aide à passer. Dompté par Clélie, il permet aux nageuses de s’y accrocher, afin de ne pas perdre toutes leurs forces dans leur effort.
De retour à Rome, les habitants sont à la fois ravis de leurs voir sauves, et inquiets de la réaction de Porsenna. Elles sont finalement renvoyées dans le camp étrusque, avec la garantie de Porsenna qu’aucun mal ne leur sera fait.
À leur arrivée, celui-ci demande qui est à l’origine de cette évasion. Clélie se dénonce. Porsenna, admiratif, décide alors de la récompenser pour son courage. Il la congédie, en lui offrant un cheval et lui permettant de ramener avec elles les otages de son choix. Clélie choisit alors de faire revenir à Rome les plus jeunes des otages. On érige par la suite une statue équestre en son honneur sur la Voie Sacrée.
De nombreux auteurs antiques racontent l’histoire de Clélie, à la fin de la République et durant l’empire romain. Elle devient plus tard un thème très prisé des peintres du XVIIe siècle, comme Rubens ou Stella. Elle est aussi le sujet d’œuvres littéraires comme le roman Clélie, Histoire romaine de Madeleine de Scudéry et a inspiré un opéra de Pietro Metastasio, Il trionfo di Clelia.
Vous voulez lire une autre historiette?
Tite-Live, Histoire romaine, II, 13
Denys d’Halicarnasse, Antiquités romaines, V, 4
Plutarque, Vies parallèles, « Vie de Publicola », 19
Aurelius Victor, Hommes illustres de la ville de Rome, 13 — « Clélie »
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