Balade mémorielle

Quand les monuments de Genève rappellent son passé

Sur le Rhône

Le Bâtiment des Forces motrices

À la fin du XIXe siècle, les habitants de Genève ont un besoin de plus en plus grand en eau dans la ville. Entre les artisans et industries installés sur les quais, les particuliers et les fontaines publiques, la machinerie du Pont de la Machine ne suffit plus. Des discussions s’amorcent alors pour construire de nouvelles turbines…

Genève en 1884

Jusqu’en 1884, la machine hydraulique alimentant Genève se trouve sur le Pont de la Machine. (Qui tire d’ailleurs son nom de son exploitation…). Malgré ses agrandissements successifs, elle n’est pas assez puissante pour apporter de l’eau à tous les particuliers, artisans, commerces et fontaines de Genève. De plus, elle pompe de l’eau trop en surface, et donc souvent polluée, qui provoque fièvres et épidémies.

Les autorités genevoises décident donc de construire une nouvelle machine hydraulique. Elles souhaiteraient la placer à la Jonction. Cependant, cette partie du canton appartient à la commune de Plainpalais, qui, à cette époque, ne fait pas encore partie de la Ville de Genève. La nouvelle machine se construit donc sur le Rhône, à 35 mètres de fonds et après les jetées. Le projet de construction est confié à l’ingénieur et conseiller administratif Théodore Turrettini.

Le Bâtiment des Forces motrices
Usine des Forces motrices, Dessin, 1894.

L’usine hydraulique de la Coulouvrenière

La nouvelle machine hydraulique se construit de 1885 à 1886. Avec ses 18 turbines, elle actionne des pompes qui envoient l’eau dans des réserves. Ces réservoirs se trouvent à la Bâtie et à Cologny. L’eau est ensuite redistribuée dans la ville.

Le bâtiment, nommé Usine hydraulique de la Coulouvrenière, est en béton et en pierre. Il tient grâce à une importante charpente métallique. Grâce à elle, aucune structure interne n’est nécessaire pour soutenir le bâtiment, et tout l’intérieur peut être consacré à la machinerie hydraulique. On retrouve sur l’usine de nombreux motifs liés à l’eau, comme des poissons ou une statue à l’effigie de Neptune.

La demande en eau est forte surtout durant la journée. Le soir, elle diminue. Pour éviter les surpressions de l’eau sans avoir à arrêter les pompes, les ingénieurs créent une vanne de sécurité. Celle-ci contrôle la pression de la machine, en envoyant l’eau en surpression au milieu du Rhône, en jet d’eau vers le ciel. C’est le premier jet d’eau de Genève. Il fonctionnera jusqu’en 1889, lorsqu’une soupape de sécurité est ajoutée au réservoir de Cologny.

Le Bâtiment des Forces motrices
Forces Motrices. Vue intérieure de la salle des machines avec les pompes, 1900.
Le Bâtiment des Forces motrices
Premier jet d'eau de Genève, à l'emplacement de l'usine de la Coulouvrenière, 1886.

De l’industrie à la culture

Durant les années 1960, les usines et fabriques se délocalisent à la périphérie de la ville. L’usine de la Coulouvrenière perd de son utilité, et cesse de fonctionner. En 1988, elle est classée monument historique puis bien culturel suisse d’importance nationale.

On lui cherche alors une nouvelle affectation, afin de ne pas voir le bâtiment se délabrer. Elle devient une salle de spectacle, pouvant accueillir 1000 spectateurs. C’est à ce moment qu’elle prend le nom de Bâtiment des Forces Motrices. La salle de spectacle est baptisée la salle Turrettini, pour rendre hommage à son ingénieur.

Le Bâtiment des Forces motrices

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Sources

Badel, Pierre-Henri. « Le Bâtiment des forces motrices, témoin du prestigieux passé genevois ». Immoscope, 20.12.2019. En ligne ici

« Et l’usine devint théâtre ». Site du BFM. En ligne ici

« Bâtiment des Forces Motrices ». Site des Archives d’État de Genève. En ligne ici

Images

Images 1 et 5. Photographies de l’auteure.

Images 2 à 4. Domaine public, Wikimedia Commons.

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