Construit entre 1860 et 1863, le Palais de l’Athénée est offert à la Société des Arts en 1864. Il a été édifié grâce à la générosité d’un riche négociant de Genève, Jean-Gabriel Eynard, qui a consacré une partie de sa fortune aux arts et une autre à l’indépendance de la Grèce.
Créée en 1776, la Société pour l’avancement des arts, de l’agriculture et des manufactures de Genève (appelée plus familièrement la Société des Arts) est la plus ancienne association privée genevoise à but culturel. Ses fondateurs sont Louis Faizan, un horloger, et Horace-Bénédict de Saussure, professeur de philosophie, naturaliste et physicien.
Elle est composée de la Classe des Beaux-Arts, de la Classe d’Agriculture et de la Classe d’Industrie et de Commerce. Elle promeut les arts au sens large, par des concours, des publications et en œuvrant pour la formation dans ces domaines.
Située en 1776 à la rue de la Cité, elle déménage en 1863 à la rue Calvin. Ce nouvel emplacement n’est que temporaire. En effet, un nouveau bâtiment est en train d’être construit pour accueillir la Société des Arts, sur le tracé des anciennes fortifications détruites quelques années auparavant. Ce nouveau bâtiment, nommé l’Athénée, est depuis 1864 le siège de la Société des Arts.
C’est un riche lyonnais installé à Genève, Jean-Gabriel Eynard, qui a financé et offert cet édifice à la Société des Arts. Négociant, financier, il a acquis une fortune considérable et est monté dans les hautes sphères de la société genevoise en épousant Anna Lullin de Châteauxvieux, fille d’un des banquiers les plus importants de Genève. Il habitait l’immeuble juste à côté, construit en 1821 et nommé aujourd’hui en son honneur le Palais Eynard.
En plus de s’intéresser aux arts et à la culture, Jean-Gabriel a consacré une partie de sa fortune à d’autres causes politiques. Alors qu’il suit Charles Pictet de Rochemont (l’oncle de sa femme) à Paris et à Vienne en 1814 et 1815 pour discuter de l’indépendance de Genève, il noue des relations diplomatiques internationales.
Dès les années 1820, il s’intéresse à la Grèce qui lutte pour obtenir son indépendance. Il s’engagera financièrement et diplomatiquement dans cette cause pendant plus de 20 ans. Eynard coordonne différents comités pour la cause grecque en Europe. Il devient en 1842 cofondateur de la Banque nationale de Grèce.
Cet amour pour la Grèce probablement à l’origine du nom du bâtiment. Il peut à la fois faire référence à Athènes, ou à la déesse Athéna. L’Athénée a d’ailleurs aussi accueilli des évènements pour des causes internationales. C’est dans ce bâtiment flambant neuf que s’est créé le Comité international de la Croix-Rouge en 1863.
Vous voulez connaître l’histoire d’un autre monument?
Bouvier-Bron, Michelle « Eynard, Jean-Gabriel ». Dictionnaire historique de la Suisse, 07.09.2004. En ligne ici.
« Le Palais de l’Athénée ». Site de la Société des Arts. En ligne ici.
Marquis, Jean. « Jean-Jaques Dériaz (1814-1890) : peintre-décorateur genevois ». Genava, 1983, pp.121-140. En ligne sur E-Periodica.
Photographies de l’auteure