En plein cœur de la cité se trouve une rue qui raconte l’histoire hydraulique de Genève, avant l’invention des pompes électriques du lac au XIXe siècle. Elle porte le nom de l’un des puits les plus anciens et utilisés de la ville médiévale :le puits Saint-Pierre.
On pourrait penser qu’une ville construite au bord d’un lac n’a pas de problème d’approvisionnement en eau. Cependant, les Allobroges, premiers habitants de Genève, ont dû trouver des solutions pour avoir de l’eau à l’intérieur de leur cité, sans avoir besoin de sortir des fortifications, notamment en cas d’attaque.
C’est pourquoi ils ont creusé des puits dans la ville. La plupart se trouvaient dans la ville basse, proche de la rue de la Pélisserie. D’autres, plus profonds, se situaient dans la ville haute, vers la cathédrale ou le Bourg-de-Four. Il ne reste que peu d’informations sur ces puits, et il est difficile de les dater avec précisions.
De plus, l’arrivée des Romains dans la ville a modifié l’approvisionnement en eau. Ces derniers préférant amener de l’eau de source dans les villes, notamment en construisant des aqueducs. Dès le Ier siècle de notre ère, l’eau des Voirons arrive à Genève grâce à un aqueduc. Celui-ci suivait environ le chemin de l’actuelle route de Chêne.
Il est probable que les habitants n’aient pas renoncé à l’utilisation des puits malgré l’aqueduc. De plus, la dégradation de ce dernier dès le IIIe siècle l’a rendu précaire. Il cesse ensuite de fonctionner dès le début du Moyen Âge.
Durant tout le Moyen Âge, les habitants de Genève ont donc puisé leur eau dans les différents puits publics et privés de la cité. Ceux-ci sont surtout creusés dans la ville basse, et servaient aux commerçants et artisans (boulangers, forgerons, etc.).
Le puits Saint-Pierre est l’un des plus anciens de la ville. Il est aussi l’un des plus importants de la ville haute. Par sa position (en haut de la rue du Perron), il est l’un des seuls puits qui dessert le quartier de la cathédrale. On le suppose très ancien (creusé avant l’arrivée des Romains), mais il n’apparaît dans les sources écrites qu’au XVe siècle. Le chapitre de la cathédrale le fait détruire et reconstruire en 1473. Il a la particularité de pouvoir fournir de l’eau sur deux étages depuis 1537. Elle est tirée depuis le haut de la terrasse, ou depuis le bas, dans la rue du Perron.
Cependant en 1594, le Conseil décide de le couvrir pour agrandir la place. Malgré cette décision, le puits apparaît encore à la fin du XVIIe siècle sur les plans de la ville. Ce n’est qu’au début du XVIIIe siècle qu’il disparaît totalement. Un siècle plus tard, en 1829 et 1854, on construit à cet endroit deux fontaines. Elles prennent place sur les deux anciens étages du puits. La première en bas des escaliers du Perron, l’autre au centre de la place. Cette dernière se trouve ainsi aujourd’hui dans la rue qui porte la mémoire de son ancien puits : la rue du Puits-Saint-Pierre.
Mots-clés: Histoire antique; Histoire Suisse et genevoise; Moyen Âge; Noms de rues
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Blondel, Louis. « Les anciens puits de Genève ». Bulletin de la SHAG, n°7, 1939-1942. En ligne sur e-periodica.
« Genève, le Perron et ses fontaines ». Notre histoire. En ligne ici.
Site des Noms géographiques du canton de Genève.
Images 1, 3 et 4: Photographie de l’auteure
Image 2: Domaine public, Wikimedia Commons