La plus ancienne promenade de Genève, le plus long banc du monde, le marronnier officiel, le mur le plus vivant de Suisse… La promenade de la Treille est le lieu genevois de tous les records. Depuis plus de 500 ans, elle surplombe les Bastions et a une vue imprenable sur la ville…
La Promenade de la Treille existe depuis 1515. Elle s’aménage sur un terrain nommé les Crêts-Baudet. Irrégulier, en partie inculte et de l’autre couvert d’arbres et de vignes, c’est cette spécificité qui lui donne son nouveau nom. La treille désigne en effet un cep de vigne qui s’élève contre un mur, un arbre ou un treillage.
Les autorités font aménager la promenade graduellement entre le XVIe et le XVIIIe siècle. A l’origine elle est uniquement accessible depuis la porte Baudet. Une rampe en permet ensuite l’accès depuis le manège en 1706 (du côté du Palais Eynard). En 1713, les Genevois peuvent l’atteindre aussi depuis la porte de Neuve.
Depuis le XVIe siècle, des arbres y sont plantés: d’abord des noyers et des mûriers dès 1558. Puis, on y plante dès 1706 des marronniers. C’est d’ailleurs à la Treille que l’on admire le marronnier officiel de Genève, qui annonce l’arrivée du printemps à l’éclosion de son premier bourgeon. Cette pratique, initiée en 1808 par un habitant de la rue des Granges, est officiellement appliquée chaque année depuis 1818.
La célébrité de la Treille vient surtout de son immense banc en bois. On dit à Genève que c’est le plus long du monde ! Mais comme un tel record n’existe pas (ou en tout cas, n’est pas consigné), impossible d’en être sûr. Cependant, cette spécificité a fait sa renommée.
Long de 120.21 mètres, avec 61 pieds, 212 planches et 79 dossiers, c’est assurément un très long banc!
Le banc se dresse sur la promenade depuis 1767. D’abord entièrement en bois, on solidifie ses pieds en pierre, puis en béton en 1950. Son dossier, qui lui fait tourner le dos aux Bastions, sert à l’origine de barrière afin de concilier confort et sécurité (et économie!). Le banc est achevé en 1774. Le panorama qu’il offre a été contemplé par tous, des Genevois aux touristes, des hôtes de marques aux habitants les plus démunis.
La Treille possède encore un aspect plus méconnu. Le mur qui la borde est très ancien, et abrite 149 espèces animales et végétales. Ce nombre élevé d’habitants qui l’occupent fait de lui le mur le plus vivant de Suisse. Sur 90 mètres de mur, on compte bon nombres d’insectes (85 espèces), de champignons (16 espèces) et de mousses (16 espèces), ainsi que plusieurs oiseaux, mollusques et plantes à fleurs.
C’est à son ancienneté (il date probablement du XVe siècle), et à ses conditions favorables d’humidité et de lumière qu’il doit son écosystème multiple et fantastique.
Mots-clés: Histoire Suisse et genevoise; Monuments; Noms de rues
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Favre, Alexis. « A Genève, le mur de la Treille est le plus vivant de Suisse ». Le Temps, 11.07.2017. En ligne ici.
Noms géographiques du canton de Genève.
« Promenade de la Treille ». Site de l’Etat de Genève. En ligne ici.
« Quelle est l’origine du banc de la promenade de la Treille à Genève ? ». InterroGE, 19.08.2020. En ligne ici.
Images 1, 3, 4 et 5: Photographies de l’auteure
Image 2 : Domaine public, Wikipedia Commons