Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom
Ces quatre vers débutent le poème Liberté de Paul Éluard, paru le 3 avril 1942. Publié d’abord clandestinement, il devient durant la guerre un hymne de la résistance.
Né en 1895, Paul Éluard s’initie à la poésie à 17 ans. C’est à cet âge qu’il rencontre Helena Diakonova, une jeune femme qui devient sa muse. Ils se marient en 1916. Après la Première guerre mondiale, il adhère au dadaïsme, puis au surréalisme. Il en devient l’un des piliers, et connaît de nombreuses critiques favorables pour ses écrits.
Il se sépare de sa femme en 1930, et rencontre peu après Maria Benz, surnommée « Nusch ». Artiste et égérie du surréalisme, il l’épouse en 1934.
Pendant la Seconde guerre mondiale, Paul Éluard entre dans la Résistance. Il anime le Comité national des écrivains. Poète et résistant, il fait paraître clandestinement de nombreux poèmes contre la collaboration et le nazisme. En 1942, il publie un recueil de poésie sous le titre de Poésie et Vérité. Le poème « Liberté » débute l’ouvrage. À l’origine, il s’agissait d’un poème d’amour à Nusch, dont le nom devait être le dernier vers. Il sera finalement adressé à la liberté.
Je l’ai commencé en pensant que le nom qui viendrait à la fin, serait celui de la femme que j’aimais
Ces mots résument bien la pensée du poète. Commencé en 1941, il l’écrit au départ pour sa femme. Mais les évènements de 1942 viennent tout bousculer. C’est en effet une année terrible au milieu de la guerre. L’oppression devient plus forte, l’espoir plus faible. Le désir de liberté se fait de plus en plus grand chaque jour.
Après sa publication, le poème échappe à Éluard, qui n’aurait pas pu prédire une telle issue. Il passe d’abord de main en main entre les résistants. En quelques semaines, il est traduit en une dizaine de langues. De plus en plus repris, il est ensuite parachuté en France en 1943 par la Royal Air Force, avec les containers d’armes et de munitions. Né comme poème d’amour, il devient une arme d’encouragement à la résistance et à la lutte contre le nazisme.
Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté.
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Éluard, Paul. « Liberté », Poésie et Vérité, recueil clandestin, 1942. En ligne ici.
« La résonance actuelle de « Liberté », le poème d’Eluard paru voilà 78 ans ». RTS, La Matinale, 03.04.2020. En ligne ici.
Martinez, Sandrine. « Le musée achète le manuscrit de Paul Eluard », Le Parisien, 14.10.2020. En ligne ici.
Mourgues, Elsa. « « Liberté » poème d’amour devenu hymne de la Résistance », France culture, 04.04.2022. En ligne ici.
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