Les recettes historiques

La cuisine à travers les siècles

Les recettes genevoises de 1914

Le pain, denrée précieuse en temps de guerre

Dans un précédent article, nous avions parlé du journal La guerre mondiale, paru à Genève dès le 1er septembre 1914. Il donnait principalement des nouvelles du front durant la guerre. Parmi ses rubriques, celle d’une certaine « Pénélope » donnait des conseils culinaires pour cuisiner de façon économique et profitable. Dans ses « Menus de guerre », les restes de pain occupent une place centrale.

La rationalisation durant la guerre

Au début des conflits de 1914, les premières mesures pour réduire la consommation de produits frais en Suisse sont basées sur la bonne volonté des habitants. Ceux-ci sont incités à diminuer leur consommation d’œufs et de légumes. Les denrées alimentaires connaissent une forte inflation. Cette dernière est due à la difficulté d’importer certains produits. Entre 1914 et 1919, certains aliments voient leur prix augmenter de 250%.

L’Office fédéral de l’alimentation décrète le rationnement de certaines denrées dès l’automne 1917. La consommation de pain est réduite à 250 grammes par jour et par habitant. Elle est régulée par la « carte de pain » introduite le 1er octobre 1917.

Quelques années plus tôt, en septembre 1914, Pénélope indique dans ses recettes que la quantité de pain quotidienne pour un adulte est d’une livre. La carte de rationnement a donc divisé ce poids par deux…

Conseils pour garder le pain

Même si les habitants ne connaissent pas de rationnement en 1914, la moindre économie leur est profitable. C’est ainsi que La guerre mondiale préconise de conserver tout le pain non consommé :

Nous engageons très sérieusement toutes les ménagères à ne pas laisser perdre le moindre morceau de pain. Car, si l’on vilipende le pain aujourd’hui, il se pourrait que l’on en fût privé complètement demain.
Grillez vos restes de pain et rangez-les dans un endroit bien clos. Ils se conservent ainsi indéfiniment et vous donneront de bonnes soupes, de la chapelure, des poudings, et, en cas – improbable – de disette, de bons biscuits pour faire « trempette ».
(La guerre mondiale, édition du 06.09.1914)
Ne pas jeter des restes de pain

Recettes avec le pain de la veille

Plusieurs recettes des « Menus de guerre » contiennent du pain rassis ou des restes de pain. Les recettes sucrées et salées se mélangent. Il ne semble pas important de manger que du sucré pour un repas. Seuls comptent l’apport de calories et le faible budget.

Parmi ces recettes, certaines sont encore populaires aujourd’hui. C’est le cas de la charlotte aux pommes et des croûtes dorées (ou pain perdu).

Pudding au pain

Couper en fines tranches 250g de restes de pain, jeter dessus un demi-litre de lait bouillant. Lorsque le pain est amolli, y incorporer deux œufs entiers, du sucre fin, et, si l’on veut, une poignée de gros raisins et de noisettes ou d’amandes hachées. Graisser soigneusement un moule, y verser la pâte et laisser au four une heure. (La guerre mondiale, édition du 05.09.1914)

La soupe au pain

Couper en fines tranches des restes de pain : 150 à 200 gr. Les mettre sur le feu dans deux litres d’eau. Émincer un ou deux oignons, les faire griller. Lorsqu’ils sont bruns, les jeter dans la soupe une demi-heure. (La guerre mondiale, édition du 08.09.1914)

Croûtes de moines

On prend des restes de pain qu’on coupe par quartiers. Les tremper dans du lait, les frire jaune. Faire un sirop de vin rouge qu’on verse sur le pain avant de servir. (La guerre mondiale, édition du 14.09.1914)

Charlotte aux pommes

Éplucher les pommes, enlever les pépins, les couper en tranches épaisses et les cuire avec du sucre. Griller légèrement des tranches de pain rassis, les beurrer, en garnir un moule en palissade. Verser les pommes au milieu, recouvrir de tartines et mettre au four 20 minutes. Renverser sur un plat et servir chaud. (La guerre mondiale, édition du 19.09.1914)

Les croûtes dorées

Couper des tranches de pain blanc rassis. Verser dessus du lait chaud. Délayer 5 œufs avec une cuillère de farine. Tremper les tranches de pain dans les œufs et les faire frire de belle couleur. Saupoudrer de sucre. (La guerre mondiale, édition du 24.09.1914)

Le pain perdu, une façon d'utiliser des restes de pain

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Sources

La guerre mondiale, septembre 1914. En ligne sur Gallica : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k64824664

Bibliographie

Degen, Bernard. « Économie de guerre ». Dictionnaire historique de la Suisse, 04.11.2008. URL: https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/013781/2008-11-04.

Degen, Bernard. « Rationnement ». Dictionnaire historique de la Suisse, 02.08.2010. URL: https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/013782/2010-08-02.

Poulain, Caroline. Manger et boire : entre 1914 & 1918. Dijon, Bibliothèque municipale de Dijon, 2015.

Images

Source de toutes les images : Pixabay

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