De la Réforme au XIXe siècle, le quartier de la Jonction est un territoire inondé, propice à l’agriculture. Communément appelée les Jardins de Plainpalais ou les Jardins de Genève, cette terre fertile a laissé dans le quartier le souvenir de son activité agricole dans de nombreux noms de rues…
Pendant longtemps, le quartier de la Jonction est inhabité. Il s’agit d’un territoire boueux et marécageux. C’est d’ailleurs cette caractéristique qui donne son nom à ce lieu. Le nom de Plainpalais vient de plana palus, qui signifie «plaine marécageuse». Seuls les orpailleurs s’y aventurent, dans l’espoir de trouver de l’or.
L’Arve déborde souvent à la Jonction, et, dès le XIVe siècle, des travaux d’endiguement tentent de contenir ses crues. Peu à peu, les terres peuvent être utilisées, et un faubourg s’y construit, pour pallier au manque de place au sein des remparts.
Puis, dans les années 1530, face à la menace grandissante de la Savoie vis-à-vis de Genève qui se tourne peu à peu vers le protestantisme et son indépendance, les faubourgs sont rasés par mesure de sécurité militaire. Plainpalais devient un terrain vague et un champ de ruines. Ce n’est qu’après l’Escalade que la plaine retrouve une utilité, devenant un lieu privilégié des exercices militaires. Juste à côté, la Jonction trouve une fonction à ses terrains irrigués par l’Arve et devient une terre agricole très fertile.
Ce sont notamment les réfugiés huguenots qui s’installent à Plainpalais et qui y cultivent les terres. Pendant deux siècles, ils y font pousser de nombreux légumes: cardons, artichauts, et surtout, des poireaux. Les cultivateurs de poireaux sont alors connus sous le nom de plantaporrêts, les «planteurs de poireaux». Ce nom, resté ensuite dans le vocabulaire genevois a fini par désigner tous les jardiniers de la Jonction. Avant de s’appeler la Jonction, l’endroit se nomme alors familièrement les Jardins de Plainpalais.
La culture maraîchère diminue peu à peu au cours du XIXe siècle. L’industrialisation de la ville et l’essor démographique urbanisent le quartier. Une usine à gaz s’y dresse dès 1844. L’exploitation de la force motrice du Rhône demande aussi le dragage de la région en 1883. La Jonction devient ensuite au début du XXe siècle un quartier industriel d’usines et d’entreprises de construction et de mécanique diverses. Ne reste ensuite que les noms de rues pour rappeler les jardins du passé…
Mots-clés: Histoire Suisse et genevoise; Noms de rues
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Images 1, 3 et 4. Photographies de l’auteure
Image 2. Domaine public, Wikimedia Commons