Riche marchand devenu syndic de Genève au début du XVe siècle, François Versonnex est le créateur du premier collège de Genève. Un siècle avant la Réforme et la création de l’Académie de Genève par Calvin, il a rendu l’enseignement public et gratuit.
François de Versonnex est né à la fin du XIVe siècle. Apothicaire et marchand, sa famille est originaire de Versonnex, dans le Pays de Gex. La première mention de son nom remonte à 1417, lorsqu’il est nommé syndic de Genève.
Grâce à sa fortune, il fonde plusieurs bâtiments d’intérêt public pour la cité. Par exemple, il fait construire une chapelle dédiée à la Vierge dans l’église de la Madeleine en 1422. Il fonde aussi un hôpital pour les «pauvres honteux» en 1434, permettant aux plus indigents de se soigner. Un autre établissement, l’hôpital des Saints-Sébastien-et-Antoine est fondé par ses soins à la Madeleine en 1452.
En 1429, François Versonnex a aussi fondé l’institution la plus importante de sa vie avec sa seule fortune. Riche, lettré, et inquiet du manque de préoccupation de son époque vis-à-vis de l’éducation de la jeunesse, il fonde le premier Collège de Genève.
L’histoire de l’enseignement à Genève est surtout connue à partir de 1536. Avec l’adoption de la Réforme, les autorités genevoises rendent l’école gratuite et surtout obligatoire. Plusieurs écoles sont alors mises en place, et des instituteurs engagés pour l’enseignement des enfants. Il s’agit souvent de pasteurs ou de membres de l’Eglise.
En 1559, Calvin fonde dans cette optique l’Académie de Genève, aujourd’hui le collège Calvin. Il établit ainsi dans la cité l’enseignement secondaire et l’université. Dirigé par le théologien Théodore de Bèze, il connaît un succès rapide, accueillant 2’000 élèves dès 1566, alors que la ville ne compte que 15’000 habitants.
Cependant, l’histoire de l’enseignement genevois débute bien avant le XVIe siècle. Nous avons des sources qui confirment la présence d’enseignants à Genève dès le XIIIe siècle. Il s’agissait alors de précepteurs privés, instruisant les enfants chez eux ou dans des maisons louées à cet effet. D’autres textes confirment que l’enseignement secondaire existait déjà à Genève à la fin du XIVe siècle. Mais cet enseignement payant et dans des lieux privés n’était réservé qu’à l’élite qui pouvait le financer…
En 1428, le Conseil général de Genève manifeste son intérêt pour la construction d’un établissement destiné à l’instruction publique. C’est alors à ce moment que François Versonnex décide de construire un collège à ses frais. Construit contre les fortifications, mais en dehors de la cité, il se trouve entre Rive et Saint-Antoine et accueille ses premiers élèves en 1429.
François Versonnex donne cet établissement à la cité de Genève, sous plusieurs conditions, dont le maintien du bâtiment par les autorités pour l’enseignement de la jeunesse et la garantie que l’enseignement restera public et gratuit.
Le Collège se maintient bien du vivant de François Versonnex, jusqu’à sa mort en 1462. Les troubles qui bousculent ensuite Genève à la fin du XVe siècle le font peu à peu tomber en désuétude. En 1536, le Collège est transféré dans le couvent des Franciscains. Construit en 1268, il est, jusqu’à la Réforme adoptée en 1536, l’un des établissements religieux les plus important de Genève.
Le Collège sera ensuite remplacé par l’Académie en 1559. S’il ne reste aujourd’hui plus rien de cet établissement, la rue du Vieux-Collège garde encore le souvenir de ce premier Collège de Rive, à l’endroit où il se trouvait au XVe siècle.
Vous voulez lire une autre histoire des noms de rues?
Coram-Mekkey, Sandra. « Versonnex, François de ». Dictionnaire historique de la Suisse, 17.10.2011. En ligne ici.
Leguay, Jean-Pierre. « Urbanisme et ordres mendiants : l’exemple de la Savoie et de Genève (xiiie-début xvie siècle) ». Religion et mentalités au Moyen Âge, édité par Sophie Cassagnes-Brouquet et al., Presses universitaires de Rennes, 2003. En ligne ici.
Noiorot, D. « Histoire du Village ». Versonnex. En ligne ici.
Site des Noms géographiques du canton de Genève.
Images 1 et 4. Photographies de l’autrice.
Images 2 et 3. Domaine public, Wikimedia Commons.