Sur le chemin de l'histoire

L’histoire de Genève à travers ses noms de rues

Au travers de la ville

À la mémoire de l’Escalade

Évènement qui a pris une importance considérable, l’Escalade se retrouve aussi dans les noms des rues genevoises… à commencer par le Chemin de l’Escalade ! Sa description sur le site du canton de Genève nous rappelle les faits en quelques phrases :

Dans la nuit du samedi 11 décembre 1602, […] plus de deux mille hommes à pied ou à cheval parviennent à Plainpalais, un peu hors les murs. Dans leur matériel, des éléments d’échelles longs d’environ 1m70 chacun, emboîtables, pesant quelque 8kg, qu’ils assemblent sur place et hissent le long de la muraille. […] Tirés de leur sommeil par un coup d’arquebuse du garde Jacques Mercier, tandis que son caporal François Bousezel est le premier à être blessé à mort pendant la ronde de nuit qu’il effectuait, les Genevois s’emparent de leurs armes pour aller contrer l’ennemi. L’alerte générale est donnée par le porte-lanterne, puis par un coup de feu au poste de la Monnaie, et encore par le tocsin du haut de la cathédrale Saint-Pierre auquel d’autres cloches font bientôt écho. C’est le peuple entier qui se bat autant que sa milice bourgeoise et la garde soldée…

Hommage aux victimes

Des 18 victimes tombées durant l’attaque de l’Escalade, plusieurs ont donné leur nom à une rue. C’est le cas Nicolas Bogueret, de Pierre Cabriol et Jean Canal. Il existe également une rue Muzy, nommée ainsi soit en hommage à une famille d’indienneurs à Genève, soit à Gérard Muzy, maçon, décédé pendant l’attaque. L’origine de ce nom n’est pas clairement définie. Nicolas Bogueret était maçon, architecte et ingénieur. Pierre Cabriol vivait comme apothicaire, épicier et confiseur. Quant à Jean Canal, ancien syndic, il exerçait toujours des fonctions politiques.

Genève rend hommage à l'Escalade par ses noms de rues

À la mémoire des héros…

Le héros le plus connu de l’Escalade est sans doute Isaac Mercier. Il est entré dans l’histoire en faisant tomber la herse de la porte Neuve. Il a ainsi empêché le pétardier de la faire sauter. Les troupes bloquées devant la porte ne pouvant passer, l’attaque des Savoyards est grandement affaiblie. Cet acte a contribué à la victoire de Genève, qui garde le souvenir d’Isaac Mercier par une place portant son nom.

Un autre héros a donné son nom à un chemin discret dans la commune de Chêne-Bougeries. Chênois d’origine, Pierre Brasier a, selon la légende, prévenu la Garde de Genève de l’arrivée des Savoyards. Toujours selon la tradition, on ne l’aurait pas cru. Il serait ensuite resté à Genève pour se porter volontaire pour la surveillance. Cette anecdote est citée comme l’origine de l’histoire du « canonnier Brasier » ayant donné le premier coup de canon contre les échelles savoyardes.

Genève rend hommage à l'Escalade par ses noms de rues

… Et des héroïnes !

Que serait l’histoire de l’Escalade sans ses héroïnes ? Pour mettre en avant l’image du peuple allant se battre contre l’ennemi, l’histoire genevoise a retenu deux noms de femmes aux actes mémorables la nuit du 12 décembre 1602.

Tout d’abord, Catherine Cheynel, dite la « Mère Royaume ». Femme de Pierre Royaume, graveur de monnaie de Genève, ils vivaient au-dessus de la porte de la Monnaie. La légende raconte qu’elle a jeté une marmite (ou un pot d’étain) sur un Savoyard, défendant ainsi sa maison durant l’attaque.

Une autre femme a laissé son nom dans l’imaginaire collectif genevois : Jeanne Baud. Plus connue sous le nom de « Dame Piaget », Jeanne, épouse de Julien Piaget, a, selon la tradition, accompli un grand acte de bravoure durant l’attaque. En effet, habitant à la limite de la ville, elle aurait jeté la clé de sa porte aux Genevois. Ils ont pu ainsi prendre les Savoyards à revers et repousser une partie des forces ennemies. La légende raconte aussi qu’elle aurait tiré devant sa porte d’entrée un meuble très lourd. Le lendemain, plusieurs personnes auraient été nécessaire pour le déplacer à nouveau. Jeanne Piaget n’a pas de rue à son nom, mais elle a été mise à l’honneur dans l’espace public grâce au projet 100Elles*.

Genève rend hommage à l'Escalade par ses noms de rues
Genève rend hommage à l'Escalade par ses noms de rues

Encore quelques anecdotes

Personnage emblématique de l’histoire de l’Escalade, les rues de Genève se remémorent aussi le nom de François Tabazan. Bourreau de profession, il habitait dans la rue qui porte aujourd’hui son nom. À la fin des hostilités, il fut chargé de pendre les 13 prisonniers Savoyards pris pendant la bataille. Il a aussi décapité tous les Savoyards morts dans l’attaque ou exécutés par la suite, afin de planter leurs têtes sur des pics, en vues sur les remparts. Les sources savoyardes et genevoises ne sont pas d’accord sur le nombre exact de morts du côté de la Savoie, mais ils étaient une septantaine.

Pour finir sur une note plus gaie, parlons d’un petit animal à grandes oreilles. Une anecdote sur le site du canton de Genève indique au sujet de la rue du Lièvre que son nom évoque

Un épisode comique de la nuit de l’escalade. On raconte que pendant la marche nocturne des troupes du Duc, un lièvre effrayé passa dans les rangs des soldats et fut pris pour un espion fuyard, ce qui causa un moment de terreur aux chefs et un peu de désordre dans les rangs.

Genève rend hommage à l'Escalade par ses noms de rues

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Sources

L’origine de tous les noms de rues de Genève sont trouvables sur leur site : https://ge.ch/noms-geographiques/

Pour Jeanne Baud : Dubois, Anne-Lydie, « Jeanne BAUD, dite Dame Piaget, ~1570-1630, héroïne de l’Escalade », projet 100Elles*, En ligne : https://100elles.ch/biographies/jeanne-baud/

Images

Image 1 : Geneva Urbs, vers 1603, Matthias Quad (1557 – après 1608) ou atelier de Franz Hogenberg (Cologne, XVIe – début XVlle siècle), Eau-forte rehaussée à l’aquarelle, 194 x 291 mm, au trait carré, 256 x 327 mm, à la feuille, (BPU, inv. la 2200 Rés, pl. 99). — Photocopiée de l’œuvre «Journal du temps de l’Escalade» par Slatkine, 2002 Genève. Domaine public, Wikipedia Commons

Image 5 : Une femme avec un pot de fer tue un savoyard, gravure sur cuivre de François Diodati, vers 1667. — Photocopiée de l’œuvre «Journal du temps de l’Escalade» par Slatkine, 2002 Genève. Domaine public, Wikipedia Commons

Images 2, 3, 4, 6 et 7 : photographies de l’auteure

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