Les Costumes grotesques des Larmessin

Vers les années 1680-1690, l’aîné des frères Larmessin commence à publier une série de gravures, qui sera reprise ensuite par son cadet. Ces estampes mettent en scène des personnages personnifiant chacun un métier. Le sujet de l’œuvre est totalement identifié à son activité, mettant aussi en avant son statut social dans un effet comique. Dans la société très codifiée de l’époque de Louis XIV, dont nous avons déjà parlé dans un précédent article, l’habit fait le moine. Ces costumes peuvent ainsi mettre en lumière certains aspects de l’histoire du XVIIe siècle, en étant compris comme des allégories sociales.

Ces Costumes grotesques sont probablement inspirés des mascarades de cour, où la noblesse revêtait des costumes exubérants représentant toute sorte de métiers ou d’objets (du jeu de quilles à la bouteille de champagne). Les outils et la production de chaque métier est ainsi arrangée de manière fantaisiste sur les portraits. Le qualificatif de « grotesque » attribué aux costumes doit être compris comme « [imaginé] par le caprice du Peintre, dont une partie représente quelque chose de naturel, & l’autre quelque chose de chimérique ». (Selon la définition du Dictionnaire de l’Académie française, 1^ère édition, 1694).

De plus, c’est à cette époque que commencent à paraître les gravures de mode. Par exemple, Jean Dieu de Saint-Jean (1654-1695), est un peintre et graveur connu pour ses œuvres représentant membres de la cour. Cavaliers, hommes et dames de qualité, tous sont habillés à la mode, et influencent les habitudes vestimentaires parisiennes.

Dans cette optique, les hommes et femmes des gravures des Larmessin sont à l’image des canons de beauté de leur époque. Leur apparence idéalisée contraste d’autant plus avec le décalage de leurs habits.