Épistolière prolifique, Marie de Rabutin-Chantal, marquise de Sévigné a passé 25 ans à écrire à sa fille, la comtesse de Grignan, vivant à Aix-en-Provence. Madame de Sévigné, présente à la cour de Louis XIV, raconte à sa fille la vie de la noblesse entre Paris et Versailles, et notamment les modes vestimentaires des dames de sa société. Une de ces lettres, datée du 29 novembre 1684, décrit une des tenues de la marquise.
Perruques et coiffures monumentales, étoffes de toutes les couleurs, surabondance de rubans et de dentelles, maquillage composé de mouches et de fard… Le XVIIe siècle est souvent décrit comme un siècle d’artifices et de frivolités, centré sur le paraître. De plus, on voit apparaître un nombre conséquent d’ouvriers spécialisés dans tous les domaines de la mode : habits, bijoux, chaussures, dentelles, broderies, éventails…
D’ailleurs, cette fixation sur l’apparence impose aussi de manière plus significative des parements différents selon les occasions : baptêmes, mariages, enterrements, périodes de veuvages, etc.
Phénomène d’élite, la mode est lancée à la cour, puis est élaborée et diffusée dans les salons de la capitale. À une époque où les revues de mode n’existent pas encore, les nouveautés sont exposées aux yeux de toutes par d’autres biais.
À Paris, les nouvelles tenues sont disposées sur des poupées mannequin, montrées dans les salons. Hors de la capitale, la mode se diffuse par des poupées miniatures envoyées pour montrer leurs habits ou leur nouvelle coiffure, et grâce à la correspondance. En effet, dans les lettres de Madame de Sévigné à sa fille, la mode prend une place importante. La comtesse de Grignan apprend donc par sa mère les dernières modes de Paris, les nouvelles façons d’apprêter ses cheveux, ainsi que l’évolution des tendances.
Née le 5 février 1626, Madame de Sévigné est surtout célèbre pour son abondante correspondance avec sa fille. Orpheline à 7 ans, elle grandit à Paris chez ses grands-parents, entourée de livres. Mariée à 18 ans au marquis Henri de Sévigné, elle est veuve à 25, après avoir donné naissance à deux enfants. Le 6 février 1671, à 45 ans, elle commence une longue correspondance avec sa fille. Elle dure près de 25 ans.
Le 29 novembre 1684, elle lui écrit ces lignes :
[…] Je fus hier dîner chez la princesse ; j’y laissai la bonne Marbeuf. Voici comme votre mère était habillée : une bonne robe de chambre bien chaude, […] et cette jupe violette, or et argent, que j’appelais sottement un jupon, avec une belle coiffure de toutes cornettes de chambre négligées ; j’étais en vérité fort bien ; je trouvai la princesse tout comme moi, cela me rassura sur l’oripeau. Dites-moi un mot de vos habits ; car il faut fixer ses pensées et donner des images…
Un exemple parmi d’autres où la marquise parle de mode avec sa fille…La correspondance de Madame de Sévigné est une porte d’entrée intéressante sur la noblesse du XVIIe siècle et la vie de cour sous Louis XIV.
Mots-clés: Personnalités historiques
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Sévigné, Marie, marquise de. Lettres, édition Monmerqué, 1862, tome 7, pp.325-328.
Placella Sommella, Paola. La mode au XVIIe siècle : d’après la “Correspondance” de Madame de Sévigné. Paris, Papers on French seventeenth century literature, 1984.
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Image 2 : Claude Lefèbvre, Madame de Sevigné, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=17176882
Image 3 : Signature de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de Sévigné, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=89347710