Sur le chemin de l'histoire

L’histoire de Genève à travers ses noms de rues

En passant le Rhône

Le Bac et la Traille

Le long du Rhône, à Lancy et Onex, on retrouve deux noms de chemins qui ont une histoire similaire. Le chemin du Bac et celui de la Traille témoignent tous deux de moyens anciennement utilisés pour traverser ce fleuve…

Traverser le Rhône

Le Rhône a toujours été un axe de communication majeur. Différentes populations ont donc chercher des divers moyens pour le traverser. Dès l’Antiquité, les Romains et les Celtes construisent des ponts, bien sûr, mais le terrain n’est pas toujours favorable à cette solution.

On retrouve aussi de très anciennes traces de passages à gué ou par bac. Au Moyen Âge, les bacs sont nombreux. Il s’agissait alors de bateaux à fond plat qui pouvaient traverser les étendues d’eau calmes. Cependant, les bacs ne permettent pas de passer des charges trop lourdes ou des armées.

Ces bacs peuvent fonctionner avec un système de câble tendu en hauteur, qui permet d’utiliser l’impulsion du courant pour traverser. Dans ce cas-là, on parle de bac à traille, du nom des câbles qui relient les deux rives.

Le Bac et la Traille
Bac à traille amarré sur une rive du Rhône à Rillieux-la-Pape. Photographie Berthaud Frères, 1910.

Bac et traille à Genève

Les ponts restent longtemps des ouvrages délicats à réaliser sur le Rhône. D’abord pour des raisons techniques, mais aussi pour des raisons politiques, le Rhône ayant servi de frontière naturelle durant des siècles. On ne va pas faire un pont qui peut être détruit ou utilisé militairement par ses voisins belliqueux… A la fin du XVIe siècle, le pont de Genève est l’un des seuls ponts du Rhône. A plusieurs autres endroits, on passe alors à gué ou en bateau.

Le Bac à Traille d’Onex

En 1782, les dissensions entre les différentes classes sociales genevoises sont à leur comble. Une nouvelle révolution des Natifs (les habitants de Genève qui y sont nés, mais qui n’ont pas de pouvoir politique) pour obtenir plus de droit est imminente. Plusieurs troupes françaises, appelées en renfort par les Bourgeois et Citoyens, stationnent à Genève et dans les environs, afin de calmer les troubles qui secouent la cité.

Placées à Onex proches des rives du Rhône, certaines troupes françaises ont régulièrement besoin de bateaux pour traverser. Elles font alors construire un bac à traille au niveau du moulin de l’Evaux. Il fait des allers-retours entre ce point et la presqu’île d’Aïre. Les troupes cantonnent alors au pied de la traille, afin de la surveiller. Elle a continué à fonctionner bien après le départ des soldats français.

Le Bac d'Aïre

En 1798, après l’annexion de Genève à la France, il est question de bâtir un nouveau pont, entre celui existant dans la cité et la traille des Evaux. Détruit aujourd’hui, il se trouvait probablement au niveau du pont Butin, passage le plus pratique et stratégique entre les rives.

Cependant, un bac important a existé par la suite à Genève dans ces environs. En 1886, un cafetier d’Aïre, John Branchu, demande au Conseil d’Etat l’autorisation de mettre en place un bac entre Aïre et le plateau de Saint-Georges. La demande est acceptée, avec une concession fixée à 15 ans. Ce bac, aussi à traille, est rapidement établi sur les rives du Rhône. Il a fonctionné durant 41 ans. La construction et l’inauguration du pont Butin en 1927 l’a finalement rendu obsolète.

Le Bac et la Traille

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Sources

« À quoi servait la petite construction en ruine située sur les berges du Rhône sous le pont Butin ? ».  InterroGE, 06.06.2023. En ligne ici. 

Rickenbacher, Jean-Luc. « Les bacs en Suisse: une liaison essentielle ». Blog du musée national suisse, 01.09.2020. En ligne ici.

Zurbuchen, Walter. « Le pont de bateaux sur le Rhône en 1798 : un facteur méconnu de l’Annexion? ». Bulletin de la SHAG : revue annuelle de la Société d’histoire et d’archéologie de Genève, n°14, 1971. En ligne sur e-periodica.

Images

Images 1 et 3: Photographies de l’auteure

Image 2: Domaine public, Wikimedia Commons

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