Né en 1750 à Genève, François-Pierre-Ami Argand est un physicien et chimiste genevois. Il a passé une partie de sa vie à Paris et à Montpellier, où il s’est illustré grâce à plusieurs inventions. Entre autres, il est le créateur de la lampe Argand, véritable révolution de la fin du XVIIIe siècle, permettant un éclairage dix à douze fois plus puissant qu’une chandelle.
Neuvième d’une famille de dix enfants, Ami Argand grandit dans une famille d’horlogers. Son père, Jean-Louis Argand, espère le voir suivre une carrière ecclésiastique. Cependant, après un passage à l’auditoire des Belles-Lettres en philosophie, il rencontre Horace-Bénédict de Saussure. Ce dernier devient son professeur, et lui transmet son goût pour les sciences. C’est cette voie qu’Argand va finalement suivre, en se formant à Paris auprès d’Antoine Lavoisier.
Ami Argand enseigne ensuite à son tour la chimie et la physique à l’Académie des Sciences. Il mène en parallèle plusieurs travaux sur la distillation. Ses prouesses et améliorations dans ce domaine (perfection des alambics, construction de fourneaux et de conducteurs, récupération des résidus, etc.) attirent rapidement l’attention sur lui et son frère, qui travaille à ses côtés. Après plusieurs années de travail à Paris et Montpellier dans ce domaine, Argand retourne à Genève, poursuivre d’autres travaux qui lui tiennent à cœur…
Le projet le plus célèbre du chimiste est une lampe à huile à réservoir latéral et double courant d’air, nommée la lampe Argand. Il s’agit d’une véritable révolution dans le domaine de l’éclairage. Elle est constituée d’une mèche roulée en forme de cylindre, qui laisse passer l’air à l’intérieur. Ce dispositif permet d’augmenter l’éclairage et de ne pas produire de fumée. La lampe Argand produit ainsi beaucoup plus de lumière qu’une lampe à huile normale.
Argand achève sa lampe en 1782. À la fin du XVIIIe siècle où on ne s’éclaire qu’à la chandelle ou la lampe à huile, la puissance d’éclairage de cette invention est absolument inédite. Le chimiste a mis au point l’entier de sa lampe, de la disposition du réservoir à la forme de la mèche, en passant par le bec, le remontoir et la cheminée.
Son invention est un succès immédiat, vite imité et copié. Argand fait face à de multiples contrefaçons de son œuvre, si bien qu’il intente et gagne deux procès contre des imitateurs. Cependant, cela n’empêche pas Antoine-Arnoult Quinquet, un apothicaire parisien, de faire fortune en fabriquant des lampes similaires. Il popularise tellement cette invention qu’elle est aujourd’hui souvent appelée le Quinquet.
Argand produit ses lampes à grande échelle. Son atelier, qui emploie une soixantaine de personne, sort environ 3’000 lampes par mois. Cependant, son entreprise est grandement freinée par la Révolution française, même si, contrairement à d’autres, elle n’est ni pillée ni ruinée par les troubles et les émeutes.
En plus de ses travaux sur les lampes et la distillation, Argand s’intéresse aux sciences aérostatiques. Il fait d’ailleurs la connaissance des frères Montgolfier à Lyon en 1783, avec qui il se lie d’amitié. Il mène avec eux une série d’expériences, et les aide à perfectionner leurs ballons.
Avec les deux inventeurs, il participe à des démonstrations de vols de ballons devant les différentes cours d’Europe, notamment le 19 septembre 1783 à la cour de Versailles et le 25 novembre à Windsor.
Ami Argand rédige aussi un mémoire sur Les Causes de la grêle attribuées à l’électricité présenté devant l’Académie des sciences et œuvre également à l’amélioration des machines à filer le coton.
Il passe les dernières années de sa vie à travailler sur l’éclairage public des villes, qui n’est que rudimentaire, voire inexistant avant le XIXe siècle. Atteint du paludisme, il meurt à Genève en 1803, âgé de 53 ans.
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Image 1: Photographie de l’auteure
Image 2 à 4: Domaine public, Wikipedia Commons