Peintre, dessinatrice et associée honoraire de la Société des Arts, Amélie Munier-Romilly est une artiste femme reconnue de son vivant pour ces nombreux portraits. Décédée à 86 ans, elle a allié toute sa vie son statut d’artiste et celui de mère et d’épouse.
Fille d’horloger, Amélie devient orpheline de père à 13 ans. Elle travaille jeune dans un commerce pour aider sa mère et ses deux sœurs. Ses talents artistiques sont remarqués par Adam-Wolfang Töpffer, qui la présente au peintre Firmin Massot. Artiste genevois spécialisé dans les portraits, il prend la jeune femme de 17 ans sous son aile.
Grâce à lui, elle développe ses talents et part étudier à Paris. Son amour du portrait y est quelque peu freiné par sa mère, soucieuse de voir sa fille évoluer dans un monde principalement masculin. Elle l’empêche d’ailleurs de dessiner des nus féminins, la forçant à se concentrer sur des sujets religieux.
De retour à Genève, Amélie peint et enseigne l’art. Elle maîtrise de très nombreuses techniques. Huile, aquarelle et pastel lui sont aussi familiers que le fusain et la lithographie. Elle devient associée honoraire de la Société des Arts, et acquiert ainsi un statut singulier.
Elle a une renommée ambiguë, due au statut social des femmes de son époque, et à la faible reconnaissance des artistes femmes au XIXe siècle. Qualifiée de séductrice, de diable, ou encore de créature trompeuse ou cruelle, elle ne renonce pour autant pas à la peinture et à sa liberté par son mariage.
En 1821, à l’âge de 33 ans, Amélie Romilly épouse David-François Munier, pasteur de 10 ans son cadet. Elle fonde avec lui une nombreuse famille de quatre enfants. En tant que mère et comme femme de pasteur, elle a une vie familiale et paroissiale prenante. Cependant, cela ne l’empêche pas de continuer à peindre avec une cadence soutenue. Elle se rend également plusieurs fois à Paris et en Angleterre durant son mariage.
Dès 1816, elle expose régulièrement ses œuvres, et obtient en 1830, la médaille d’or à l’exposition des beaux-arts et de l’industrie de Berne. D’après ses propres catalogues manuscrits, malheureusement disparus, elle aurait peint près de 5’500 portraits jusqu’à sa mort en 1875.
A la fois proche des milieux bourgeois qui constituent ses principaux clients et des milieux pauvres et défavorisés par l’intermédiaire de son mari, elle a peint autant des portraits bourgeois très codifiés que des scènes de misères et d’inégalités sociales.
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Erica Deuber Ziegler (dir.) et Natalia Tikhonov (dir.), Les femmes dans la mémoire de Genève : du XVe au XXe siècle, Genève, Suzanne Hurter, 2005
Louzier-Gentaz, Valérie. « Munier-Romilly, Amélie ». Dictionnaire historique de la Suisse, 07.01.2009. En ligne ici.
« Munier-Romilly, Amélie ». Dictionnaire SIKART, SIK-ISEA (Institut suisse pour l’étude de l’art). En ligne ici.
Image 1: Photographie de l’auteure
Images 2 à 4: Bibliothèque de Genève. Domaine public, Wikimedia Commons.