En remontant du lac aux abords du Parc La Grange, une rue rend hommage à un frère et une sœur qui ont tous deux œuvrés pour Genève. Rentiers et philanthropes, ils ont été actifs en politique pour l’un, en œuvre humanitaire pour l’autre…
Né en 1843, William Favre est le premier fils d’Edmond Favre, propriétaire de la Villa La Grange. Celle-ci, bâtie au XVIIIe siècle, appartient à la famille Favre depuis 1800. William étudie la chimie, et fait également une belle carrière militaire, devenant lieutenant-colonel d’état-major. Attaché à Genève et à sa commune, il est conseiller municipal des Eaux-Vives de 1875 à 1899 et adjoint au maire de 1875 à 1878. Il a également beaucoup voyagé, et fait un tour du monde en 1878.
Il hérite de la Villa La Grange à la mort de son père en 1880. N’ayant pas fondé de famille, il la lègue à la Ville de Genève avec le parc en 1917 pour en faire un lieu de promenade public. Il en garde l’usufruit jusqu’à sa mort en 1918.
En 1864, lorsque la Croix-Rouge naissante met en place la première Convention de Genève, le gala de clôture a lieu à la Villa La Grange, organisé par les parents de William Favre. C’est le premier lien entre les Favre et la Croix-Rouge. Plusieurs membres de cette famille œuvreront activement au sein de cette organisation, notamment la sœur de William, Alice Favre.
A l’image de son père élu au Comité International de la Croix-Rouge en 1867, Alice Favre va prendre une part active dans l’organisation de ce mouvement. Dès 1889, âgée de 38 ans, elle fonde le comité des Dames de la Croix-Rouge genevoise. Elle en devient présidente en 1899, et participe activement aux Congrès de la Croix-Rouge.
En 1914, lorsque la Première guerre mondiale éclate, les comités des Dames et des Hommes de la Croix-Rouge fusionnent. Ils forment ensemble la Croix-Rouge genevoise, avec Alice Favre comme présidente. Elle est la première femme à occuper ce poste en Suisse. De 1914 à 1918, elle organise la prise en charge des soldats malades et blessés qui arrivent en train à Cornavin. Elle a aussi la charge de l’accueil des réfugiés et de l’envoi de colis aux soldats postés aux frontières. En parallèle, elle œuvre à la professionnalisation des soins infirmiers.
A la fin de la guerre, en 1919, elle est élue au Conseil de la Croix-Rouge suisse. Elle profite de cette position pour œuvrer pour les droits des femmes. Elle aide aussi à la création du premier dispensaire d’hygiène sociale en 1920, qui deviendra l’IMAD. Alice Favre décède en 1929, à l’âge de 78 ans.
Si le projet 100Elles* a permis à Alice Favre de trouver sa place dans l’espace public aux côtés de son frère, le troisième membre de cette fratrie reste un peu plus méconnu. Entre William et Alice est né un deuxième frère, Camille, en 1845. Comme son grand frère, il a eu une brillante carrière militaire, comme colonel de l’Armée suisse et président de la Société militaire de Genève.
Aussi, comme sa sœur, il a fait partie du Comité International de la Croix-Rouge de 1883 à sa mort en 1914. Il en était alors vice-président.
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Images 1, 3 et 5 : Photographies de l’auteure.
Image 2: William Favre (1843-1918), homme politique suisse et donateur du Parc de La Grange à la ville de Genève, Bibliothèque de Genève. Date inconnue, avant 1918. Domaine public, Wikipedia Commons
Image 4 : Genève, rue De-Candolle: réunion de la Société genevoise des dames de la Croix-rouge. Atelier Boissonnas, 12.03.1914. Bibliothèque de Genève, fbb n18x24 clients 03028.