Sur le chemin de l'histoire

L’histoire de Genève à travers ses noms de rues

En passant les Eaux-Vives

L’esplanade Alice Bailly

Alice Bailly est une peintre avant-gardiste née à Genève en 1872 qui s’est battue toute sa vie pour vivre de son art. Femme isolée dans un milieu principalement masculin, son talent n’en est pas moins reconnu par ses pairs de son vivant. Elle est particulièrement connue pour ses «tableaux-laine», une technique artistique qu’elle a inventé elle-même.

Études et débuts artistiques d’Alice Bailly

Alice Bailly nait dans un milieu modeste. Elle entre en 1891 à l’École des demoiselles où elle suit des cours de dessins jusqu’en 1895. Cette institution est attenante à l’École des Beaux-Arts de Genève, alors interdite aux femmes.

Alice Bailly expose ses œuvres dès 1900. Elle s’installe à Paris en 1904, et y côtoie de nombreux autres artistes suisses. Elle s’intéresse particulièrement au fauvisme et au cubisme. Ainsi, elle fait partie des artistes exposés lors de la première exposition cubiste de Suisse romande en mai-juin 1913. Quelques mois plus tard, en octobre, elle présente sa première exposition personnelle au Musée Rath.

Elle ne retournera à Paris qu’en 1920, après la fin de la guerre. Durant ses années en Suisse, malgré la reconnaissance artistique qu’elle obtient des artistes suisses et français qui exercent en même temps qu’elle, est souffre du fait d’être une femme dans ce monde masculin. En plus de n’avoir pas eu les mêmes privilèges durant ses études, on lui refuse l’accès à la Société des peintres, sculpteurs et architectes suisses, interdite aux femmes. Contrairement à d’autres artistes femmes de son époque, elle refuse d’entrer dans la Société suisse des femmes peintres, sculpteurs et décorateurs, pour ne pas jouer ce jeu d’exclusion féminine.

L’esplanade Alice Bailly
Rade de Genève ou Vol de mouettes, huile sur papier, 1915. Musée Cantonal des Beaux-Arts, Lausanne.

Peintre d’avant-garde

Même si pour Alice Bailly «l’art n’est pas une affaire de jupon ou de pantalon», elle conçoit que son style et sa sensibilité soient définis comme «féminins». Son style est très figuratif. Les mouvements d’avant-gardes auxquels elle participe (cubisme, fauvisme, dadaïsme, orphisme et futurisme) lui permettent d’expérimenter sa peinture en libérant les formes et les couleurs dans ses œuvres.

Mêmes figuratives ou fantaisistes, les femmes sont souvent au cœur de ces tableaux. La danse et la musique font aussi partie de ses thèmes de prédilection.

Sa participation à ces mouvements d’avant-garde contribue à les faire connaître et exposer en Suisse romande.

L’esplanade Alice Bailly
Autoportrait, huile, 1917. National Museum of Women in the Arts, New York.

Les tableaux-laine

Parmi les nombreuses œuvres d’Alice Bailly, on retrouve une cinquantaine de tableaux-laine créés principalement entre 1913 et 1923. Ces tableaux sont constitués de fils de laine qui ne font jamais plus de 5 cm. Ils sont pensés comme des coups de pinceaux, ce qui les associent plus à la peinture à l’huile qu’à la broderie dans l’esprit de l’artiste.

Le terme de «tableau-laine» sert d’ailleurs à rapprocher sa technique des beaux-arts plutôt que des arts appliqués, considérés à son époque comme hiérarchiquement très différents, et les arts appliqués étant aussi très liés aux arts féminins. D’ailleurs ses tableaux-laine sont réalisés en même temps que ses huiles et toujours exposés ensemble.

L’esplanade Alice Bailly
Portrait de Lucienne Florentin, tableau-laine, 1918.

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Sources

Chauvy, Laurence. « Alice Bailly, une artiste à facettes ». Swissinfo, 08.11.2005. En ligne ici

Gevart, Louis. « Alice Bailly ou l’art des avant-gardes sur le fil ». Beaux-Arts, 21.03.2023. En ligne ici

Jaccard, Paul-André. « Alice Bailly ». SIKART Dictionnaire sur l’art en Suisse, 2016. En ligne ici

Ziegler, Erica Deuber (dir.) et Tikhonov, Natalia (dir.). Les femmes dans la mémoire de Genève : du XVe au XXe siècle, Genève, Suzanne Hurter, 2005

Images

Image 1. Photographie de l’auteure

Images 2 à 4. Domaine public, Wikimedia Commons

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