Il était une fois une petite fille de village, la plus jolie qu’on eût su voir. Sa mère en était folle, et sa mère-grand plus folle encore. Cette bonne femme lui fit faire un petit chaperon rouge, qui lui seyait si bien, que partout on l’appelait le petit chaperon rouge.
C’est ainsi que débute le conte du petit chaperon rouge, publié par Perrault. Son recueil, les Histoires ou contes du temps passé, avec des moralités, connues aussi comme les Contes de ma mère l’Oye ont connu un franc succès…de quelques années seulement.
Déjà aux alentours de l’an mille, à Liège, on racontait l’histoire de la petite robe rouge. Aujourd’hui, on dénombre plus de 70 versions de cette histoire, dont la plus ancienne version écrite est celle de Charles Perrault. Elle fait partie des huit contes de la mère l’Oye, aux côtés de Cendrillon, la Belle au bois dormant et Barbe bleue. Publiés en 1697, ils ont été très populaires jusqu’en 1704. Dès cette date, la littérature se tourne vers l’orientalisme, avec la publication des Milles et Une Nuits. Il faudra attendre le XIXe siècle pur observer un regain d’intérêt pour les contes, notamment avec ceux des frères Grimm.
Le triangle formé par les trois personnages principaux de l’histoire (la petite fille, le loup et la grand-mère) permet proposer différentes variantes en fonction de leur public et de l’objectif visé. La version de Perrault du Petit Chaperon Rouge fait partie des plus sanglantes et moralisatrices. Elle se termine mal pour deux des trois protagonistes, qui finissent dévorés. À l’inverse, chez les frères Grimm, l’apparition d’un quatrième personnage (le chasseur) change la fin de l’histoire. Et sa morale…
Le Petit Chaperon rouge fait partie des contes les plus étudiés. Cependant, peu d’études se penchent sur la question de la couleur. Le rouge est une couleur avec de multiples symboliques : feu, sang, amour, enfer… Certaines hypothèses donnent à cette couleur un symbole de danger, ou de sexualité. Cependant, cette vision est quelque peu anachronique.
Selon l’historien Michel Pastoureau, spécialiste de l’histoire des couleurs, l’explication est peut-être plus simple. En effet, il est courant au Moyen Âge d’habiller les enfants en rouge. De plus, il est possible que la fille ait mis son plus beau vêtement pour aller voir sa grand-mère. Le rouge est une couleur très vite maîtrisée, en peinture et en teinture. Beaucoup de paysans possèdent donc un « beau » vêtement rouge. C’est d’ailleurs pour cela que le rouge est la couleur des robes de mariées médiévales. Une autre hypothèse pose l’idée que le Petit Chaperon rouge est né le jour de Pentecôte et porte donc la couleur associée à l’Esprit Saint.
Une autre explication sur les couleurs peut être avancée. La fillette porte du rouge, apporte un pot de beurre blanc à une grand-mère habillée de noir (remplacée par un loup, lui aussi noir). Ces trois couleurs forment une triade, que l’on retrouve souvent dans les sociétés anciennes… et dans les contes !
On retrouve par exemple l’histoire du Corbeau et du renard : un corbeau noir, un fromage blanc, un renard rouge. Aussi, dans l’un des contes les plus célèbres, on observe : une sorcière en noir, offre une pomme rouge à une jeune fille blanche comme de la neige. D’ailleurs, la mère de Blanche-Neige souhaite « un enfant blanc comme la neige, rouge comme le sang et noir comme l’ébène »…
Mots-clés: Animaux; Contes et légendes; Evènements internationaux
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Les textes des contes sont disponibles sur Wikisource
BNF. Rouge. Des costumes de scène (XVIIIe – XXIe siècles) vus par Christian Lacroix, Exposition, 2005-2006. http://expositions.bnf.fr/rouge/infos/01.htm
Lambert, Maxime. « L’origine du conte du Petit Chaperon rouge dévoilée grâce à une méthode inédite », Maxisciences, 17.11.2013.
Pastoureau, Michel. « Le rouge : c’est le feu et le sang, l’amour et l’enfer. Interview de Michel Pastoureau par Dominique Simonnet. », L’Express 12.07.2004.
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