Au cœur de la cité, dans le passage qui relie les terrasses de la cathédrale à l’église de la Madeleine se trouvent trois imposantes mosaïques. Ces représentations figuratives de Genève comme ville d’eau sont l’œuvre de l’artiste genevois Marcel Poncet, actif en Suisse romande au début du XXe siècle.
Né à Genève en 1894, Marcel Poncet est une figure majeure de l’art en Suisse romande. Il est particulièrement reconnu pour ses contributions à l’art sacré. Il étudie à l’École supérieure des beaux-arts de Genève où il devient l’élève de célèbres maîtres comme Eugène Gilliard et Ferdinand Hodler.
Très tôt, il se distingue par son travail sur les vitraux, où il fait preuve d’une grande inventivité. Il crée plusieurs vitraux importants pour des églises, dont ceux de la cathédrale de Lausanne. Mais Marcel Poncet est aussi un artiste polyvalent, qui explore diverses formes d’art, y compris la peinture et la mosaïque.
Il est l’un des fondateurs de la Société d’art religieux de Saint-Luc et Saint-Maurice, qui milite pour le renouveau de l’art sacré en Suisse romande. Au cours de sa carrière, il reçoit plusieurs distinctions prestigieuses, notamment la bourse fédérale des beaux-arts en 1933. Il est aussi professeur à l’École cantonale d’art de Lausanne à partir de 1945. Son œuvre artistique se caractérise par une recherche constante de l’équilibre et de l’harmonie, notamment dans ses traitements de la lumière et des matériaux.
Les mosaïques de Marcel Poncet dans la vieille ville de Genève font partie d’un projet plus large de rénovation de la ville, lancé dans les années 1940. Ce projet vise à moderniser l’urbanisme tout en intégrant des éléments artistiques pour apporter une touche de beauté à la ville. En 1947, les autorités genevoises lancent un concours pour décorer le passage des Barrières. Marcel Poncet est choisi pour réaliser trois mosaïques symbolisant Genève.
L’artiste, libre de choisir ses sujets, décide de représenter la ville à travers son rapport à l’eau. Il crée des représentations figuratives de l’Arve et du Rhône. Une troisième mosaïque, sous les traits du dieu Neptune, personnifie le lac Léman. Ce lien entre Léman et Neptune existait déjà dans l’imaginaire collectif, notamment à travers les légendes des pierres du Niton.
Les mosaïques de Marcel Poncet sont inaugurées progressivement dans les années 1949 à 1954. La première inauguration a lieu en juillet 1949. La mosaïque représentant Neptune est la première à se retrouver dans le passage des Barrières. Cette inauguration a lieu en même temps que celle des mosaïques de Cingria à l’Ancien Arsenal, qui représentent les moments forts de l’histoire genevoise.
La deuxième mosaïque, celle de l’Arve, est inaugurée en octobre 1950. L’article du Journal de Genève indique que la couleur et la composition de cette œuvre s’accordent parfaitement avec celle de Neptune, donnant une continuité esthétique dans le passage des Barrières. Enfin, la pose de la dernière mosaïque, consacrée au Rhône, se déroule en 1954. Cependant, Poncet décède en 1953 avant de pouvoir admirer la pose de son œuvre. Il a cependant eu le temps de la finir lui-même dans son atelier avant sa mort.
Vous voulez connaître l’histoire d’un autre monument?
Matthias Oberli. « Poncet, Marcel ». Dictionnaire historique de la Suisse, 10.12.2013. En ligne ici.
« Qui est l’artiste ayant réalisé les trois mosaïques de la rue des Barrières, en Vieille-Ville de Genève, et qui sont les personnages représentés ? ». Interroge, 19.08.2020. En ligne ici.
« Trois mosaïques de Marcel Poncet dans la vieille Genève rénovée ». L’œuvre : architecture et art, n°39, 1952. En ligne ici.
Images 1, 3, 4 et 5. Photographies de l’auteure.
Image 2. Domaine public, Wikimedia Commons.