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Située à l’extrémité d’un aqueduc antique, la fontaine de Trevi est l’un des monuments les plus célèbres de Rome. L’aqueduc connaît durant des siècles, plusieurs reconstructions et restaurations pour garantir son entretien. Dès le XVe siècle, des projets de fontaine se développent à son point d’arrivée. En 1732, un projet monumental s’y dessine. Inaugurée le 22 mai 1762, la fontaine de Trevi a connu très peu de changements depuis cette date.
Durant l’Antiquité, un vaste réseau d’aqueducs alimente en eau de source la ville de Rome. Le plus ancien référencé par les sources date de 312 avant notre ère. Trois siècles plus tard, en 19 avant J.-C., le sixième aqueduc de la ville est inauguré. C’est Agrippa, ami de l’empereur Auguste, qui supervise sa construction et qui le nomme Aqua Virgo.
D’après la légende, ce nom fait référence à une jeune fille qui aurait croisé la route des soldats d’Agrippa. Elle leur aurait indiqué le lieu d’une source d’eau alors qu’ils avaient soif. L’aqueduc, qui démarre à cette source vers Salone, aurait alors été nommé en son honneur. Cependant, il est plus probable que son nom se réfère à la pureté de l’eau.
Endommagé en 537 lors des invasions Goths, les Romains restaurent cet aqueduc plusieurs fois au cours du Moyen Âge. À partir du Xe siècle, il est d’ailleurs le seul aqueduc à alimenter la ville. Rome n’a en effet plus besoin d’autant d’eau, sa population ayant diminué de 97.5% entre le Ier et le XIVe siècle (passant de 1 million à 25’000 habitants).
En 1453, le pape Nicolas V le fait reconstruire encore une fois. Il fait installer à son extrémité une fontaine. On la nomme « Trevi », car elle est au carrefour de trois rues (tre vie en italien). Elle possède un grand bassin, surmonté des armoiries du pape et de Rome.
Un siècle plus tard, en 1570, 18 nouvelles fontaines alimentées par l’Aqua Virgo permettent à la ville d’avoir de l’eau de source plutôt que celle du Tibre.
Au XVIIe siècle, le pape Urbain VIII fait construire le Palazzo Barberini et d’autres constructions importantes dans la ville. En 1640, il mandate le scultpeur Bernini, pour construire une nouvelle place et une nouvelle fontaine à Trevi, qui se trouve à côté du Palazzo Barberini. La place est réaménagée, mais les projets de Bernini pour la fontaine coûtent trop chers pour être réalisés. Il a tout de même pu aménager deux bassins semi-circulaires, contre un mur qui aurait dû abriter plusieurs statues.
Le projet inachevé reste en suspens pendant 60 ans. Au début du XVIIIe siècle, la fontaine de Trevi devient un thème obligatoire pour de nombreux architectes passant par Rome. En effet, l’Académie de Saint-Luc (aujourd’hui l’Académie des Beaux-Arts de Rome) organise des concours, auxquels participent des architectes italiens et étrangers, afin de proposer une nouvelle fontaine à cet emplacement.
De plus, l’Aqua Virgo fait l’objet de restaurations importantes en 1726. En 1731, c’est le pape Clément XII qui lance un projet pour la fontaine. C’est Nicola Salvi, un architecte romain, qui le remporte. Son projet, influencé par le style de Bernini, est un des moins chers proposés, ce qui explique en partie sa victoire.
Débuté en 1732, le projet de Salvi inscrit l’histoire de la fontaine directement sur le monument. Une statue de Neptune au centre avec un char, tiré par deux chevaux, eux-mêmes encadrés par des tritons, rappelle la mythologie de la ville. Les chevaux, dont l’un est tranquille et l’autre agité, symbolisent la mer, à la fois calme et déchaînée. Deux statues représentant la Salubrité et la Prospérité font allusion à l’eau et à sa pureté. Au-dessus d’elles, deux bas-reliefs racontent l’histoire d’Agrippa approuvant le projet de l’aqueduc, et de la fillette montrant la source aux soldats.
Nicola Salvi meurt en 1751, laissant son projet inachevé. Un autre architecte romain, Giuseppe Pannini (chargé des travaux de l’aqueduc de l’Aqua Virgo) reprend la construction. Les modifications qu’il y apporte le font finalement écarter du projet. C’est le sculpteur Pietro Bracci, secondé par son fils Virginio, qui supervise la fin des travaux. L’inauguration a lieu le 22 mai 1762, trente ans après le début des travaux.
La célébrité de la fontaine de Trevi est entre autres due aux coutumes qui l’entourent. La première, la plus connue, consiste à lancer une pièce dans la fontaine. Ce geste doit être réalisé de dos, les yeux fermés, en jetant la pièce de la main droite au-dessus de l’épaule gauche. Ce lancé assure de revenir un jour à Rome. Tous les jours, près de 2000 euros en pièces finissent dans la fontaine, qui est nettoyée tous les jours. Ainsi, tous les ans, près d’un million d’euros se retrouvent dans ces eaux, avant d’être reversés à Caritas.
Une autre tradition moins connue consiste à boire en couple l’eau de la fontaine. Surtout exécutée par les fiancés qui partaient à l’armée, la coutume demandait de boire dans un verre neuf, qui était cassé par la suite. Cet acte symbolisait la fidélité du couple. Aujourd’hui, certains amoureux boivent encore à la Fontanella degli innamorati, à droite du monument, pour perpétuer cette tradition.
Mots-clés: Anecdotes historiques; Monuments
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Images 1 et 4: Pixabay
Image 2 : Carlo Antonini, Fontana di Trevi, 1780. Domaine public, Wikipedia Commons.
Image 3 : Giovanni Paolo Panini, Fontana di Trevi, XVIIIe siècle. Huile sur toile, Museum of Fine Arts, Boston. Domaine public, Wikipedia Commons.