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Rituel quasi obligatoire de notre société occidentale moderne, l’anniversaire tel qu’on le conçoit aujourd’hui (gâteau, bougies, cadeaux, etc.) est relativement récent, même si certaines traditions remontent à l’Antiquité. Cependant, l’anniversaire a longtemps désigné le jour de la mort d’un individu, et non pas sa naissance…
Certaines pratiques qui fêtent une date clé remontent à l’Antiquité. Par exemple, les pharaons célébraient chaque année la date de leur premier jour de règne. Chez les Romains, on fête sa naissance avec une célébration religieuse et privée, la natalice. Les empereurs romains font de leur date d’anniversaire une fête religieuse obligatoire pour tout le peuple. Cette commémoration donne lieu à de nombreux sacrifices.
Ces pratiques font entrer dans l’imaginaire médiéval l’idée que l’anniversaire est une fête païenne. Aussi, elle est ignorée par l’Eglise, qui désigne sous le terme anniversarium la commémoration du dernier souffle d’une personne. Autrement dit, on fête le jour de la mort d’un défunt par des prières en sa mémoire.
Cette manière de « célébrer » un défunt est logique au regard de l’idéologie chrétienne médiévale, où la mort représente le début de la « vraie » vie, à savoir la vie éternelle.
Il faut aussi imaginer que de nombreuses personnes, y compris chez les nobles, ne connaissent qu’approximativement leur date de naissance, voire l’année où ils sont nés. Tout le monde n’a pas non plus toutes les connaissances nécessaires pour se préoccuper des calculs des calendriers afin de compter les années écoulées…
L’un des premiers exemples d’anniversaire raconté au Moyen Âge nous vient de Marco Polo. Dans son ouvrage Le devisement du monde écrit en 1298, il consacre tout un chapitre au cérémonial qu’il observe pour la fête du Grand Khan. Son intérêt pour la fête montre qu’il ne connaît rien de similaire en Occident.
Certains rares exemples existent au Moyen Âge. Jean Héroard, médecin de Louis XIII, observe que celui-ci a le droit à quelques hommages particuliers le jour de son anniversaire : un Te Deum pour l’accompagner à la messe le jour de ses 4 ans, ou encore le droit de se coucher plus tard et de ne pas étudier à son dixième anniversaire. Cependant, Louis XIII comme le Khan, sont des personnalités importantes et privilégiées.
Dans les cours princières, on commence à s’intéresser aux anniversaires à la fin du Moyen Âge. C’est en effet avec l’intérêt grandissant pour l’astrologie et les horoscopes que les nobles commencent à calculer leur date de naissance.
Avec l’arrivée du protestantisme, il y a aussi une attention particulière qui se développe autour du jour de la naissance, afin de se détacher du culte des saints. Mais cet intérêt ne se manifeste pas uniquement du côté de la Réforme, puisque les catholiques aussi se passionnent pour les dates d’anniversaire.
De nombreux autres facteurs entrent en compte dans le développement des fêtes d’anniversaire : le romantisme (qui met l’accent sur l’individu), la hausse de l’individualisme, l’émergence du capitalisme, etc.
Tout au long du XIXe siècle, on voit apparaître les éléments qui sont aujourd’hui incontournables des anniversaires. Par exemple, la première mention moderne de bougies sur un gâteau date de 1802, pour les 53 ans de Goethe. La chanson Happy Birthday to you est composée en 1893, et des paroles y sont ajoutées dès le début du XXe siècle. C’est d’ailleurs à cette même époque, entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle que l’anniversaire devient une fête familiale et régulière.
De tout temps, les hommes se sont offerts des cadeaux, pour diverses raisons. Ces présents ont évolué avec la société et ses besoins. En plus des sacrifices rituels, les citoyens antiques s’offraient du parfum, de l’encens ou du vin. Au Moyen Âge, il est commun de recevoir des pièces de monnaie ou des animaux… Et c’est également depuis le Moyen Âge qu’on s’offre des fleurs !
Mots-clés: Anecdotes historiques; Evènements internationaux
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Huet, Louise. « L’anniversaire, une fête pour conjurer la mort? ». RFI, 29.12.2022. En ligne ici.
Rambal, Julie. « Pourquoi fête-t-on son anniversaire? ». Le Temps, 09.06.2018. En ligne ici.
Schmitt, Jean-Claude. « L’invention de l’anniversaire ». Annales. Histoire, Sciences Sociales, 2007/4 pp.793-835. En ligne ici.
Images 1 et 4 : Pixabay
Image 2 : Frederick Daniel Hardy, Première fête d’anniversaire, huile sur toile, 1867. Domaine public, Wikipedia Commons.
Image 3 : Pancraz Körle, Le gâteau d’anniversaire, huile sur toile, 1875. Domaine public, Wikipedia Commons.