Sur le chemin de l'histoire

L’histoire de Genève à travers ses noms de rues

En passant par Champel

La rue Doctoresse Champendal

Première femme genevoise à obtenir le titre de docteur en médecine, Marguerite Champendal a aidé toute sa vie les femmes et les enfants. En mettant en place le Bon Secours et la Goutte de lait, elle a œuvré pour l’éducation féminine et contre la mortalité infantile.

Une femme qui veut faire médecine

Née en 1870 au Petit-Saconnex, Marguerite Champendal développe très jeune son envie de faire médecine. Elle a accès à une formation poussée à l’Ecole secondaire et supérieure de jeunes filles, mais ses parents refusent qu’elle se lance dans la médecine. Ils jugent cette profession trop masculine, malgré l’ouverture de l’Université de Genève aux femmes dès 1872.

Cette dernière n’est alors fréquentée que par des femmes étrangères, qui n’ont pas accès aux études dans leur propre pays. Cette particularité vient du fait que le système d’école secondaire enseigné aux jeunes filles genevoises n’est pas reconnu comme un diplôme permettant d’entrer à l’Université…

Marguerite se tourne donc vers l’enseignement : d’abord à Berlin, puis à Paris. Devant son insistance à devenir médecin, son père cède. Il est rassuré par son beau-frère qui soutient la vocation de Marguerite. Elle obtient son baccalauréat en contournant le système genevois et entre à la faculté de médecine. Quelques années plus tard, en 1900, elle publie sa thèse Des varices congénitales et devient la première Genevoise docteur en médecine.

La rue Doctoresse Champendal

La Goutte de lait

Au début du XXe siècle, les rapports de genre scindent fortement la société. Marguerite Champendal se tourne donc vers une pratique de la médecine qui reste dans des repères très féminins : la gynécologie et le soins des enfants. Durant ses études, elle a séjourné à Paris et observé l’organisation La Goutte de lait. Celle-ci distribue du lait stérilisé aux mères qui ne peuvent pas allaiter, et leur proposent aussi des consultations gynécologiques gratuites.

En 1901, elle crée à Genève une autre Goutte de lait, fondée sur le modèle de l’institution parisienne. Elle y délivre du lait pasteurisé pour les nourrissons et conseille les mères. Dans la même idée, elle écrit en 1916 Le Petit Manuel des Mères.

La rue Doctoresse Champendal
Elèves en uniforme, 1910, Ecole genevoise d’infirmières “Le Bon Secours”

Le Bon Secours

Dans un même esprit philanthropique, Marguerite Champendal crée en 1905 le Bon Secours. Il s’agit d’une école et d’une association d’infirmières volontaires. Les premières d’entres elles sont recrutées parmi les jeunes filles de la classe aisée, pour qu’elles l’aident dans sa lutte contre la pauvreté et l’ignorance. Elle leur apprend ainsi à prodiguer des soins aux bébés et aux mères. Au long d’une longue évolution, le Bon Secours deviendra la Haute Ecole de Santé de Genève.

Toujours dans l’idée de venir en aide aux malades et surtout aux femmes et aux enfants, Champendal organise encore une pouponnière à Genève et un Dispensaire aux Eaux-Vives en 1907.

Après une vie mouvementée dans les milieux médicaux, sociaux et féministes de son époque, Marguerite Champendal meurt en 1928 d’un arrêt cardiaque à l’âge de 58 ans. Elle laisse derrière elle des institutions et des mouvements qui ont continué à faire vivre ses idées, jusqu’à aujourd’hui.

La rue Doctoresse Champendal

Vous voulez lire une autre histoire des noms de rues?

Partagez l'article ici

Sources

Deuber Ziegler, Erica, Tikhonov, Natalia (dir.). Les Femmes dans la mémoire de Genève, du XVe au XXe siècle, État de Genève et Éditions Suzanne Hurter, 2005, p 140-141.

Müller-Landgraf, Ingrid. « Champendal, Marguerite », Dictionnaire historique de la Suisse, 04.01.2005. En ligne ici.

Vellas, Christian. Les rues qui racontent Champel-Florissant. Genève, Slatkine, 2012.

Images

Images 1 et 4: Photographies de l’auteure

Image 2 : Couverture du petit manuel de 1916 qui connut de multiples rééditions jusque dans les années 1950 (Bibliothèque nationale suisse). Tirée de Müller-Landgraf, Ingrid. « Champendal, Marguerite », Dictionnaire historique de la Suisse, 04.01.2005.

Image 3 : Elèves en uniforme, 1910, Ecole genevoise d’infirmières “Le Bon Secours”. Tirée de « L’évolution du genre dans les études professionnelles à Genève », HES-SO Genève, 2022. En ligne ici

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *