La route porte le nom d’un petit cours d’eau transfrontalier peu connu du paysage genevois. De sa source franco-suisse jusqu’à son embouchure dans le Rhône, il témoigne d’un équilibre fragile entre développement urbain, enjeux environnementaux et mémoire locale.
Le mot «Nant» vient du celte nanto, signifiant «ruisseau ou torrent». Il s’agit d’un nom resté longtemps dans le patois genevois, et qui a donc laissé durablement son empreinte dans la géographie du canton. Il existe ainsi de nombreux noms de chemins basés sur ce mot: le Nant-Cayla, le Jargonnant, le Nantet, etc. À Genève, un nant désigne traditionnellement aussi la vallée creuse abritant un petit cours d’eau / un nant, ce qui illustre bien la physionomie du Nant d’Avril à ses débuts.
Le mot «Avril» quant à lui, n’est pas une allusion au mois de l’année. Deux hypothèses sont possibles. Il pourrait s’agir d’une transformation de la racine celtique «ava» (eau), ce qui renforce l’idée déjà exprimée par le nant. Aussi non, il est possible qu’il s’agisse d’une référence à une ancienne propriété d’un Romain nommé Aprius.
Le Nant d’Avril prend sa source à la frontière entre la France et la Suisse, précisément à la limite des communes de Prévessin-Moëns et de Meyrin. Sur environ 500 mètres, il suit la frontière à l’air libre, avant d’entrer dans une galerie souterraine mesurant 2 mètres de hauteur pour 7 mètres de large. Ce canal, long de près de 3 kilomètres, traverse toute la commune de Meyrin jusqu’à Satigny.
Le ruisseau retrouve ensuite son lit naturel à proximité du Château des Bois, où il serpente encore à ciel ouvert dans une vallée encaissée, avant de se jeter dans le Rhône, via le Bras de Peney.
Longtemps, le Nant d’Avril a coulé librement dans des paysages de prairies humides et de marais sur l’entier de son parcours genevois. Mais dès le début du XIXe siècle, les choses changent. Avec l’urbanisation croissante et l’expansion des vignes dans la région, le ruisseau ne suffit plus à drainer les eaux du bassin versant. Les crues sont fréquentes, les débordements nombreux. Ce qui va amener des changements dans le géographie du nant…
À partir du XIXe siècle, le Nant d’Avril connaît de profondes transformations. L’urbanisation, l’expansion, les crues et les débordements amènent à la transformation et à l’aménagement du nant sur le territoire genevois.
Entre 1921 et 1945, les marais bordant le ruisseau sont asséchés pour faciliter le développement urbain. Puis, en 1944, la construction du barrage de Verbois implique un réaménagement du Bras de Peney, où le nant se jette.
Dans les années suivantes, des travaux de canalisation sont entrepris pour éviter les inondations, d’abord dans la cité de Meyrin dès 1955, puis le long de la route du Mandement entre 1956 et 1967. En 1967, le Conseil d’État genevois autorise le CERN à y déverser ses eaux de refroidissement, ajoutant une nouvelle dimension industrielle à ce petit cours d’eau.
En 1963, une station d’épuration est construite sur le cours du Nant. Elle est modernisée en 1982, puis une nouvelle extension est projetée en 2003, suscitant l’opposition d’une association de quartier soucieuse de l’impact sur l’environnement et le cadre de vie. Différentes initiatives, portées notamment par l’Etat et le WWF, renaturalise et dépollue peu à peu le Nant d’Avril.
Mots-clés: Histoire Suisse et genevoise; Monuments; Noms de rues;
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Image 1. Photographie de l’auteure.
Images 2 et 3. Domaine public, Wikimedia Commons.