Sur le chemin de l'histoire

L’histoire de Genève à travers ses noms de rues

En passant par les Eaux-Vives

La promenade Louise Boulaz

Née au début du XXe siècle, Louise Boulaz est une alpiniste acclamée et reconnue à l’internationale pour ses exploits sportifs, à une époque où cette discipline était encore réservée aux hommes. Elle a gravi de nombreuses fois les Alpes, et a même été grimper sur les sommets de l’Himalaya.

Louise Boulaz, sténographe et sportive

Née le 6 février 1908 à Avenches, Louise Boulaz, surnommée « Loulou », est une figure emblématique de l’alpinisme féminin en Suisse. Après avoir fréquenté l’École secondaire et supérieure de jeunes filles, elle devient copiste à la Société des Nations. Peu après, elle entame une carrière de sténographe au Bureau international du travail. En parallèle, elle poursuit sa formation lors des congrès de l’Association sténographique Aimé Paris. Elle y passe respectivement les diplômes dits de professionnel en 1942 et de parlementaire en 1946, en obtenant à chaque fois la meilleure note.

Elle a également une passion pour la montagne. Membre honoraire de la section genevoise du Club alpin suisse, de l’Alpine Club britannique et du Ladies’ Alpine Club, elle représente l’image de la femme déterminée, audacieuse et visionnaire dans un domaine largement dominé par les hommes.

Louise Boulaz
Micheline Rambaud, Loulou Boulaz avant l'expédition féminine de 1959 au Népal, 1959.

Pionnière de l’alpinisme

La carrière sportive de Louise Boulaz débute par le ski alpin. Entre 1936 et 1937, elle fait partie de l’équipe nationale suisse et se distingue lors des Championnats du monde de ski à Chamonix en 1937, où elle obtient la 4e place en slalom. Elle se démarque également en remportant la descente du concours international de Morzine en 1938. Cependant, sa véritable passion se trouve dans l’alpinisme, où elle s’impose rapidement comme une pionnière.

Dans les années 1930, Louise réalise des premières ascensions féminines dans le massif du Mont-Blanc. En 1933, elle grimpe la face sud de la Dent du Géant, devenant ainsi l’une des premières femmes à réaliser une telle ascension. Par la suite, elle enchaîne les défis et ouvre plusieurs voies majeures, dont la face nord du Petit Dru en 1936 et la face est du Bec d’Oiseau en 1938. Ces performances exceptionnelles, réalisées à une époque où les femmes étaient largement exclues de l’alpinisme de haut niveau, font d’elle une icône de la montagne.

Louise Boulaz est aussi la première personne au monde à réaliser l’ascension de la face nord du Zinalrothorn en 1941, un sommet des Alpes valaisannes. En 1952, elle marque l’histoire en réussissant la première ascension féminine de l’éperon Walker sur la face nord des Grandes Jorasses.

Ascension féminine du Cho Oyu

Les capacités de Louise Boulaz sont connues à l’international. Elles l’amènent d’ailleurs à réaliser son rêve ultime en 1959. Elle participe cette année-là à l’Expédition féminine au Népal, qui tente d’atteindre le sommet du Cho Oyu (8188 mètres), une montagne de l’Himalaya.

Cette expédition, exclusivement féminine est dirigée par l’alpiniste française Claude Kogan et rassemble douze femmes expérimentées. Démarré le 21 août 1959, le périple dure jusqu’au 11 novembre, et ne se déroule malheureusement pas sous de bons auspices. Le sommet n’est pas atteint. Les conditions climatiques et les nombreuses avalanches rencontrées coûtent la vie à quatre membres de l’expédition. Les survivantes, dont fait partie Louise, ne voulant pas risquer d’autres vies, décident de redescendre.

Louise Boulaz
Micheline Rambaud, Marche sur la moraine avant le Nangpa La durant l'expédition féminine de 1959 au Népal

Sport et féminisme

Outre ses performances sportives, Louise Boulaz a été une militante féministe de son époque. À une période où le monde de l’alpinisme était largement réservé aux hommes, elle a ouvert la voie à de nombreuses femmes alpinistes en prouvant que les femmes pouvaient non seulement pratiquer l’alpinisme, mais aussi y exceller. Elle a fait face à l’invisibilisation des femmes, notamment au sein du Club alpin suisse, qui refusait d’admettre des femmes parmi ses membres ordinaires. En dépit de ces obstacles, elle a poursuivi ses ascensions et s’est associée à des compagnons de cordée comme Raymond Lambert et Pierre Bonnant, prônant une pratique de l’alpinisme mixte.

En 1986, elle a reçu le Mérite alpin lors du 17e Festival international du film des Diablerets, une reconnaissance tardive pour l’ensemble de sa carrière. Elle décède quelques années plus tard à Genève, en 1991.

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Sources

Blaise Calame. « Louise Boulaz, première de cordée ». L’Illustré, 10.09.2021. En ligne ici

Caroline Montebello . « Louise BOULAZ ». 100Elles*. En ligne ici

Laure Lugon Zugravu. « Louise Boulaz, pionnière des cimes, aura sa rue à Genève ». Le Temps, 15.07.2015. En ligne ici

Laurence Bézaguet. « Alpiniste chevronnée dans un milieu d’hommes ». Tribune de Genève, 04.06.2019. En ligne ici.

Images

Image 1. Photographie de l’auteure.

Images 2 et 3. Wikimedia Commons, CC BY-SA 4.0.

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