En 1511 nait à Villanueva de Sigena, Miguel Serveto y Conesa. À Genève, on le connaît sous le nom de Michel Servet. C’est dans cette ville qu’il se fait arrêter, puis exécuter. Ses idées religieuses, contraires aux doctrines chrétiennes, le condamnent du point de vue des catholiques, comme de celui des réformés.
À 14 ans, Michel Servet quitte son village du royaume d’Aragon pour ses études. Il parcourt l’Europe pour parfaire ses connaissances en droit, en théologie, en géographie, en anatomie et en médecine. Il voit se dérouler sous ses yeux les guerres de religion, et écrit très jeune sur des sujets théologiques.
Entre autres, il prône l’indivisibilité de Dieu, et s’oppose donc à l’idée de la Trinité. Dans cette optique, il publie en 1531 De trinitatis erroribus (Les erreurs de la Trinité).
Ce livre lui attire les foudres des catholiques et des protestants. Chassé de Strasbourg où il réside alors, il se réfugie à Vienne dans le Dauphiné. Il y exerce la profession de médecin.
Michel Servet continue ses réflexions religieuses à Vienne, sans pour autant les publier. Il correspond notamment avec Calvin, à Genève. Espérant le convertir à ses idées, il lui écrit beaucoup, sur un ton de plus en plus insistant. Les deux correspondants finissent par s’échanger des lettres hargneuses et agressives.
En 1553, Servet publie sous un faux nom l’ouvrage Christianismi restitutio (la Restitution chrétienne), qui est une réponse directe à L’Institution chrétienne de Calvin. Il y réitère ses idées, et réfute la Trinité, le baptême et la transsubstantiation (la transformation du pain et du vin en Corps et Sang du Christ).
Il est indirectement dénoncé par Calvin comme l’auteur de ce livre controversé. Arrêté à Vienne le 4 avril 1553, il parvient à s’échapper 3 jours plus tard, et fuit la ville. Il y est condamné par contumace et brûlé en effigie avec ses livres.
Il arrive ensuite à Genève le 12 août 1553. Il pense pouvoir passer inaperçu, mais est reconnu par des réfugiés lyonnais. Ceux-ci le dénoncent, et les autorités genevoises l’arrêtent. Incarcéré dans des conditions déplorables, il subit de multiples interrogatoires. Calvin y assiste comme expert en théologie. C’est lui qui fait transparaître les propos hérétiques de Servet, notamment ses discours antitrinitaires.
Accusé d’hérésie, il est jugé coupable et condamné au bûcher le 26 octobre 1553. Le bourreau l’exécute le lendemain, 27 octobre. À 14 heures, on le conduit à Champel, le lieu d’exécution de la cité. Malgré les pluies incessantes et le bois gorgé d’eau, la peine est maintenue. Le condamné est brûlé vif avec ses écrits.
Symbole de l’intolérance de son époque, Michel Servet possède aujourd’hui plusieurs lieux de mémoires à travers l’Europe (Vienne, Rome, Annemasse, etc.). Genève ne fait pas exception.
Proche de son lieu d’exécution, la mémoire de Michel Servet continue aujourd’hui d’habiter Champel, avec une rue qui porte son nom.
De plus, en 1903, une stèle est érigée proche de l’Hôpital. Mise en place pour le 350e anniversaire de sa mort, elle se définit elle-même comme un monument expiatoire en l’honneur de Servet.
Enfin, une statue d Michel Servet se trouve à côté de la stèle. Son inauguration a eu lieu pour le 500e de sa naissance, en 2011.
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Batou, Jean. « Michel Servet: une foi dans l’humanité ». Réformés, 09.11.2011. En ligne ici.
Higman, Francis. « Servet, Michel ». Dictionnaire historique de la Suisse, 09.09.2010. En ligne ici.
Morawitz-Schorpp, Nathaly de. « Michel Servet, l’homme qui unit Genève à Annemasse, pour les siècles des siècles… ». Tribune de Genève, 24.11.2020. En ligne ici.
Images 1, 4 et 5 : Photographies de l’auteure
Image 2 : De Trinitatis erroribus – Des erreurs de la Trinité,1531. Domaine public, Wikipedia Commons
Image 3 : Michel Servet, Miguel de Villanueva (1511 – 1553) gravure. Vers 1740. Domaine public, Wikipedia Commons