Sur le chemin de l'histoire

L’histoire de Genève à travers ses noms de rues

En passant par Saint-Gervais

La rue Bautte

Jean-François Bautte, né le 22 mars 1772 à Genève, est l’une des figures emblématiques de l’horlogerie et de la bijouterie du XIXe siècle. Il participe activement à l’essor de l’industrie horlogère genevoise et à la renommée mondiale de la ville. Sa carrière, marquée par une série d’innovations techniques et esthétiques, témoigne de son génie créatif, mais aussi de son engagement social.

Des débuts prometteurs et une ascension fulgurante

Issu d’une famille modeste d’ouvriers, Jean-François Bautte perd ses parents à l’âge de six mois. Cette tragédie de son enfance le marque profondément; il nourrira en lui une profonde empathie pour les orphelins et les démunis. À l’âge de douze ans, il est placé en apprentissage dans une fabrique de bijouterie et d’horlogerie, où il débute sa formation dans les métiers de la gravure, de l’orfèvrerie, du polissage et de la fabrication de montres.

À seulement 19 ans, Bautte signe sa première création, marquant le début de sa carrière. Avec son esprit vif et son travail acharné, il parvient rapidement à se faire un nom dans le milieu de l’horlogerie et de la bijouterie genevoise. En 1793, il s’associe à Jacques-Dauphin Moulinié pour fonder la société Moulinié & Bautte, spécialisée dans le montage de boîtes de montres. Une décennie plus tard, avec l’arrivée de Jean-Gabriel Moynier, la société devient Moulinié, Bautte & Cie. Elle s’élargit pour inclure la vente de montres et de bijoux raffinés.

L’ascension de Bautte ne tarde pas à se confirmer. En créant sa propre manufacture à Genève, il rassemble sous un même toit des artisans horlogers, des bijoutiers et des orfèvres, contribuant à la naissance de l’un des ateliers les plus complets de son époque. La manufacture de Jean-François Bautte, située dans la prestigieuse rue du Rhône à Genève, devient un centre de production employant plus de 300 ouvriers.

Jean-François Bautte
Amélie Munier-Romilly, Jean-François Bautte (1772-1837), fabricant d’horlogerie et de bijouterie, estampe, vers 1830. Bibliothèque de Genève

L'innovation au cœur de sa carrière

Jean-François Bautte a un goût marqué pour l’innovation et une passion pour les merveilles mécaniques. Son œuvre se distingue notamment par les montres de forme, des créations qui s’inspirent de la nature et de l’art. Il crée des montres sous forme de fleurs, de papillons, et même une montre en forme de pistolet, qui distribue du parfum. Ces pièces sont non seulement des objets de luxe, mais aussi des prouesses techniques, alliant esthétisme et mécanique de précision.

Mais l’innovation la plus marquante de Bautte reste la création des premières montres extra-plates, une spécialité qu’il parvient à maîtriser avant qu’elle ne devienne un standard de l’industrie horlogère. Ces montres, plus légères et plus fines que les modèles traditionnels, propulsent le nom de Bautte au sommet de l’horlogerie mondiale.

Jean-François Bautte
Exemple de montre fine créée par Jean-François Bautte en 1837. Metropolitan Museum of Art.
Jean-François Bautte
Exemple de montre fine créée par Jean-François Bautte en 1837. Metropolitan Museum of Art.

Une renommée internationale

La renommée de Jean-François Bautte traverse rapidement les frontières suisses. Ses créations attirent l’attention de clients prestigieux à travers l’Europe et au-delà. Parmi ses admirateurs figurent des personnalités royales et de haut rang, telles que la reine Victoria d’Angleterre, qui visite l’atelier genevois de Bautte durant ses premières années de règne. Son nom apparait également dans les écrits d’illustres auteurs comme Alexandre Dumas, Honoré de Balzac et John Ruskin, qui louent son génie créatif et la qualité de ses réalisations.

Bautte ouvre des boutiques à Paris et à Florence. Ses produits sont vendus jusqu’en Turquie, en Inde et en Chine.

Fin tragique et héritage

Jean-François Bautte décède subitement en novembre 1837 d’une attaque d’apoplexie. Ses ouvriers, en signe de respect et de reconnaissance, lèvent des fonds pour ériger un mausolée à son nom au cimetière de Plainpalais à Genève. L’entreprise est reprise par son fils, Jacques Bautte, et son gendre Jean-Samuel Rossel. 

Jean-François Bautte
Atelier de Jean-François Bautte, Paire de pendants d'oreille, vers 1825. MAH Musée d'art et d'histoire, Ville de Genève

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Sources

Jacques Barrelet. « Bautte, Jean-François ». Dictionnaire historique de la Suisse, 17.04.2002. En ligne ici

« Jean-François Bautte : un homme de son temps ». Girard-Perregaux, en ligne ici

« Jean-François Bautte ». Fondation Haute horlogerie, en ligne ici

Images

Image 1. Photographie de l’auteure.

Image 2. Bibliothèque de Genève.

Images 3 et 4. Domaine public, Wikimedia Commons.

Image 5. MAH Musée d’art et d’histoire, Ville de Genève.

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