Offrir des fleurs est un geste de gentillesse, d’amour et de célébration depuis l’Antiquité. Aujourd’hui, tous les prétextes sont bons pour en offrir à son entourage : amour, mariage, anniversaire, réussite, invitations, etc. Mais comment cette tradition a-t-elle grandi et comment a-t-elle évolué au cours des siècles ?
Les fleurs, présentes depuis l’Antiquité, ont toujours accompagné les gestes de bienveillance et de célébration. À travers les âges et les cultures, elles ont porté des significations multiples, devenant un symbole intemporel d’affection.
Dans l’Empire romain, par exemple, la déesse Flora, associée au printemps et à la récolte, incarnait le renouveau de la nature. Les Romains lui offraient des fleurs pour exprimer leur gratitude et espérer un avenir prospère. Cette pratique ne se limitait pas seulement à un acte religieux, mais se faisait également dans un esprit de partage et de bienveillance envers autrui. Offrir des fleurs devenait alors un moyen de souhaiter une bonne santé et une vie florissante.
Au fil du temps, cette tradition s’est enrichie. Au Moyen Âge, époque où les démonstrations d’affection en public étaient mal perçues, offrir des fleurs représentait une manière discrète de dévoiler des sentiments. Cette coutume s’est développée davantage au XVIIe et XVIIIe siècles, notamment dans l’Empire ottoman, où le langage des fleurs a pris toute son importance. Chaque fleur avait sa propre signification et pouvait transmettre un message précis, qu’il soit d’amour, d’amitié ou, étonnamment, même des informations militaires. Les Anglais, connus pour leur raffinement, ont joué un rôle clé dans la propagation de cette coutume à travers l’Europe.
Le langage des fleurs, ou floriographie a connu un engouement spectaculaire au XIXe siècle. Il prend ses racines au XVIIe siècle dans l’empire ottoman. C’est là que naît le sélam, c’est-à-dire le bouquet de fleurs codé. Les Turcs l’utilisent pour envoyer des messages précis, parfois même sous forme de poésie ou de rimes. Cette coutume se diffuse ensuite en Europe.
Le véritable enthousiasme pour le langage des fleurs se produit sous l’ère victorienne. Durant cette période, marquée par une morale stricte et une grande retenue sociale, l’expression des sentiments en public est souvent perçue comme inconvenante. Les amoureux, désireux de communiquer discrètement leurs émotions, trouvent refuge dans ce moyen secret d’échange. Chaque fleur a alors sa propre signification et les bouquets deviennent de véritables messages complexes. Les dictionnaires du langage des fleurs fleurissent cette époque, permettant aux amoureux d’échanger des pensées et des vœux de manière codée.
Mais l’utilisation de la florigraphie ne se limite pas aux amoureux. Les compositions florales sont également utilisées dans les maisons victoriennes pour transmettre des messages à ceux qui entrent dans une pièce. La manière dont les fleurs étaient disposées, leur position dans le bouquet, ou encore l’attitude de la personne qui les offrait, influencent le message perçu. Par exemple, si une jeune femme accepte un bouquet avec sa main droite, cela signifie une réponse affirmative, tandis qu’avec la main gauche, c’est un refus. Même le fait de tenir un bouquet à l’envers peut renverser le sens du message. Le langage des fleurs était ainsi une véritable grammaire florale, une forme de communication codée et raffinée que les femmes de l’époque maîtrisaient avec une grande sophistication.
Bien que le langage des fleurs ait perdu de sa codification complexe, il demeure un moyen d’exprimer des émotions. De plus, des émotions et symboles différents sont aujourd’hui toujours attribués à certaines fleurs, ainsi qu’à leur nombre ou couleur.
L’exemple le plus évident est celui de la rose. Symbole d’amour, chacune de ses couleurs a une signification différente : rouge pour la passion, blanche pour la pureté, rose pour la tendresse, etc. Le nombre porte aussi une symbolique : deux pour un pardon, douze pour un engagement… on peut même offrir 101 roses pour une déclaration d’amour enflammée !
Mais la rose n’est pas la seule fleur à porter un message particulier. Les bleuets, par exemple, expriment la timidité ; le camélia, la beauté ; Le dahlia et le géranium, le bonheur amoureux. D’autres fleurs véhiculent des messages moins positifs, comme les narcisses pour l’égoïsme, ou les jonquilles pour la mélancolie.
Aujourd’hui encore, bien que nous ne suivions pas toujours ce code rigoureux, offrir des fleurs reste une manière poétique de transmettre des émotions. Que ce soit pour déclarer son amour, apaiser une tension ou fêter une occasion spéciale, chaque fleur, chaque couleur, chaque nombre peut venir dire ce que les mots peinent parfois à exprimer.
Mots-clés: Anecdotes historiques
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