Au milieu de la place des Bergues se dresse une mystérieuse colonne blanche à quatre faces. Une autre colonne similaire se trouve à la rue Pierre Fatio. Ce sont les colonnes météorologiques de Genève, toutes deux érigées au XIXe siècle, à une époque d’avènement scientifique…
Pendant des siècles, la météorologie s’est résumée à l’observation des météores, c’est-à-dire des phénomènes naturels atmosphériques (pluies, éclairs, tornades, etc.). Dès le XVIIIe siècles, des instruments de plus en plus performants aident aux calculs de ces phénomènes : thermomètre, baromètre, anémomètre…
Au XIXe siècle, on commence l’observation continue des données de ces instruments. Changements de températures, de pression… les scientifiques commencent à comprendre la météo de façon mathématique, et à pouvoir prévoir les intempéries. Les premières stations de mesures se créent en Europe.
Genève a une longue tradition scientifique liée à la météorologie. Les relevés scientifiques ont débuté en 1760, et se sont déroulés de manière ininterrompue jusqu’à aujourd’hui.
Genève se densifie rapidement au XVIIIe siècle, créant de plus en plus d’infrastructures au bord du lac. Les riverains vaudois et valaisans accusent les Genevois de faire fluctuer le niveau du lac. Pour pouvoir prouver ou improuver cette accusation, l’ingénieur Guillaume-Henri Dufour utilise la Pierre du Niton, réputée stable, comme point de repère pour surveiller le niveau du lac. En 1820, il y pose un limnimètre, un appareil gradué servant à mesurer la hauteur de l’eau. Ce limnimètre prouve que les infrastructures genevoises n’ont pas d’incidence sur le niveau du Léman.
Cependant, la Pierre du Niton n’est pas accessible en temps d’orage. Elle n’est donc pas un point de repère optimal pour faire des relevés quotidiens. Ainsi, lors de la construction du Grand-Quai (actuellement Quai-Général-Guisan) en 1837, Dufour fait poser un nouveau limnimètre. Ce dernier est la première colonne météorologique du monde. Effectivement, en plus d’être un limnimètre, elle comprend un baromètre et un thermomètre.
Déplacée en 1862 sur la promenade du Lac lors de la construction du pont du Mont-Blanc, elle se trouve aujourd’hui à la rue Pierre Fatio.
La colonne météorologique de la place des Bergues date de 1900. Elle a été offerte à la Ville de Genève par l’Association des Intérêts de Genève. Elle possède, tout d’abord, un baromètre et un thermomètre. De plus, sur ses deux autres faces, on retrouve deux indications de distances et d’altitudes.
L’une d’elle se nomme l’Altitude de quelques points situés près de Genève. On y retrouve l’altitude de plusieurs monts du Massif du Mont-Blanc, des Préalpes savoyardes et du Jura. La dernière altitude est celle du «Lac de Genève», à 375m.
La seconde est le Kilométrage au départ de Genève. Il indique les distances entre Genève et plusieurs villes suisses (Bâle, Fribourg, Lausanne…), françaises (Paris, Avignon, Annecy…) et même italiennes (Milan, Rome).
Mots-clés: Histoire Suisse et genevoise; Monuments
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« Avez-vous des informations sur l’histoire de l’édicule installé place des Bergues et qui fournit quatre indications ? ». InterroGE, 06.08.2021. En ligne ici.
« La météo à la Une du premier Journal de Genève ». Journal des Bains, n°10, 2013-2014. En ligne ici.
« Les débuts de la météorologie moderne ». Les petits carnets du Musée d’histoire des sciences, n°10, 2020.
« Un des plus anciennes au monde : la colonne météorologique du Neuchâtel ». Patrimoine, n°99, 2004. En ligne sur e-periodica.
Images 1, 5 et 6: Photographies de l’auteure
Image 2: Domaine public, Wikimedia Commons
Images 3 et 4: Bibliothèque de Genève.