Une petite partie ?

Les jeux à travers l’histoire

Nouvelle donne

La clef, ou la marelle genevoise

Dans un précédent article, nous avions parlé de Jean-Daniel Blavignac et son Empro genevois paru en 1865. Dans cet ouvrage, on retrouve de nombreuses comptines et jeux d’enfants du XIXe siècle. On y lit par exemple, les variantes genevoises de plusieurs jeux de l’époque, dont la marelle, connue encore aujourd’hui dans les préaux d’écoles…

L’origine de la marelle

Beaucoup de légendes circulent sur l’origine de la marelle. Plusieurs sites internet affirment qu’elle était déjà connue des Romains durant l’Antiquité. Ils ajoutent même qu’il s’agissait d’un exercice de force et d’agilité, pratiqué par les soldats dans leur armure complète. La plupart de ces explications découlent d’une «marelle» (ou en tout cas d’un dessin y ressemblant) dessinée sur le forum de Rome. Cependant, aucune source antique n’appuie cette hypothèse.

Les premières traces écrites de la marelle datent du XVIe siècle. Citée par Rabelais dans les jeux de Gargantua en 1534, la «marelle» désigne alors deux jeux différents : soit la marelle, soit le moulin. Il est donc possible qu’il ne s’agisse pas encore du jeu que nous connaissons sous ce nom.

Il faut attendre le XVIIe siècle et le manuscrit Book of Games de Francis Willughby, un ornithologue et linguiste anglais pour avoir la première mention avérée du jeu. Écrit entre 1662 et 1672, son livre non publié contient un chapitre nommé «Scotch Hopper» (la marelle se dit aujourd’hui «Hopscotch» en anglais). Il y décrit les règles de la marelle, avec un dessin du jeu. On y retrouve tous les éléments du jeu encore pratiqué : le dessin avec les cases de la terre au ciel, le palet et le déplacement à cloche-pied

Le mot «marelle»

La marelle dérive du mot «mérel» qui, au XIIe siècle, désigne un palet, jeton ou caillou. Elle tient donc son nom de l’objet jeté sur le sol plutôt que du schéma. À l’inverse, le mot «hopscotch», formé de «hop» (sauter) et de «scotch» (incision ou entaille, qui désigne les lignes tracées au sol), se focalise sur les cases.

Marelle

La clef, marelle genevoise

Parmi les jeux d’enfants à Genève au XIXe siècle, on retrouve de nombreux jeux encore connus aujourd’hui. Parmi eux, il y a les mâpis et les marbrons (autrement dit, les billes), le clicli mouchet (le cache-cache) ou encore, la clef, c’est-à-dire la marelle. Celle-ci semble être un jeu d’enfants uniquement, avec des règles similaires à celles encore pratiquées aujourd’hui.

Texte de Jean-Daniel Blavignac
Marelle […] connu sous le nom de Clef

N’est pratiqué que par les enfants. Ils tracent sur le terrain un rectangle, divisé en sept chambres ou cases qu’ils font successivement parcourir à un palet mené à cloche-pied. Le joueur a perdu si son palet s’arrête sur une ligne du tracé, à moins qu’il ne s’écrie à tems : Crachat Mirette ! Mais ses camarades le devancent ordinairement au moyen de la restriction : Pas crachat Mirette !

Faire les aveugles, c’est parcourir toutes les cases à yeux fermés.

Marelle

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Source

Gaudy-Le Fort, Jean-Aimé, Blavignac, Jean-Daniel. Glossaire genevois. Genève, Slatkine, 2001.

Bibliographie

Depaulis, Thierry. «Marelle», Encyclopædia Universalis. En ligne ici

Schädler, Ulrich. «Some Misconceptions About Ancient Roman Games», Board Game Studies Journal, Volume 15, Issue 1, pp. 79–97.

Images

Image 1: Pixabay

Images 2 et 3: Wikipedia Commons

  • The Fellows Photographic Co., Hop-Scotch, 1891, from the United States Library of Congress. Domaine public.
  • Nachoman-au, Burswood Park, Hopscotch. Travail personnel, 2005. CC .BY-SA 3.0

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