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En plein cœur de Genève se trouve une place qui a toujours eu un rôle central dans son histoire. La place du Bourg-de-Four, construite dès l’Antiquité a été un haut lieu commerçant, politique, religieux, social et sanitaire de l’histoire genevoise. Aujourd’hui, c’est surtout son attrait touristique qui en fait encore une place d’exception…
Avant l’année 58 avant J.-C., alors que Genève est encore gauloise et habitée par les Allobroges, leur cité fortifiée se concentre sur les hauteurs, et ne comprend pas la place du Bourg-de-Four. Peu après cette date et le passage de Jules César, les Allobroges n’ont plus de raison de craindre les invasions des Helvètes. Ces derniers, vaincus à leur tour par César, sont aussi rattachés à Rome.
Genève s’étend alors hors de ses fortifications. Elle devient un lieu d’échange et de commerce, grâce à sa position stratégique. Son essor amène l’arrivée de nouveaux habitants et la construction de nouveaux bâtiments.
Le Bourg-de-Four se trouve entre l’ancien quartier fortifié et le nouveau construit sur le plateau voisin. Lieu de jonction, il devient la place principale de la cité, le Forum. C’est peut-être de là qu’il tient son nom de «Four», dérivé du mot latin Forum. Pour d’autres, le Bourg-de-Four est une déformation du bas latin Burgumforis utilisé aux XVe et XVIe siècle qui signifie quartier.
Durant le Moyen Âge et plus particulièrement dès le XIIIe siècle et l’apparition des foires à Genève, la place conserve sa qualité de lieu central. Ces foires se tiennent effectivement au Bourg-de-Four, et accueillent des marchands de toute l’Europe.
Au début du Moyen Âge, lors de l’arrivée des Burgondes à Genève, le Bourg-de-Four devient aussi le lieu de l’activité politique de la ville. Le roi Gondebaud y fait construire son château au début du VIe siècle.
Un autre château prend ensuite place au même endroit, un demi-millénaire plus tard. Cette forteresse, aujourd’hui disparue, est celle des comtes de Genève. Elle est probablement construite autour du XIe siècle. Sa première mention date de 1124. Lors d’un conflit entre les comtes de Genève et de Savoie en 1250 le château est pris par Pierre de Savoie, le frère du comte de Savoie Amédée IV. Cette prise, à la suite d’une longue série de conflits entre Genève et la Savoie, met peu à peu fin à la maison de Genève. Le château est ensuite détruit dans un incendie au XIVe siècle, lors d’un autre conflit entre Genève et la Savoie.
Le Bourg-de-Four change encore de visage avec la Réforme. L’arrivée de nombreux réfugiés protestants dans l’enceinte de Genève demande une augmentation des logements disponibles. Les immeubles de la place sont surélevés au XVIIe siècle. Les couvents sont vidés et murés. Le couvent des clarisses, dont les nonnes sont chassées en 1535, abrite alors l’hôpital général. Ancêtre de l’Hospice Général, il reste à cette place jusqu’en 1857. C’est ensuite le Palais de Justice qui occupe le bâtiment.
La première communauté non calviniste à s’installer sur la place est l’église luthérienne. Toujours active aujourd’hui à cet endroit, ces premiers pratiquants arrivent dans la cité en 1707.
La première fontaine date de la fin du XVIe siècle, peu après la Réforme et l’augmentation démographique des lieux. Construite entre 1576 et 1579, on la reconstruit plusieurs fois par la suite. Cependant, les décors à son sommet sont peut-être des vestiges de cette première fontaine. Elle obtient son aspect actuel en 1817. Le bassin à laver qui la côtoie date de 1844. Elle est aujourd’hui au centre de la place, qui reste un lieu de passage important de la ville.
Mots-clés: Histoire antique; Histoire Suisse et genevoise; Moyen Âge; Noms de rues
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Images 1, 3 et 4 : Photographies de l’auteure
Image 2 : Domaine public, Wikimedia Commons