Sur le chemin de l'histoire

L’histoire de Genève à travers ses noms de rues

En passant par les Pâquis

Adhémar Fabri et les franchises de Genève

Nommé évêque de Genève en 1385, Adhémar Fabri est l’une des personnalités les plus importantes de la cité à l’époque médiévale. Sa notoriété vient de sa confirmation des franchises et libertés de Genève. Celles-ci, ratifiées en 1387, augmentent l’importance du pouvoir de la commune sur celui des comtes de Savoie.

Adhémar Fabri, évêque de Genève

Adhémar Fabri, parfois francisé en Aymar Favre, est originaire du comté de Genève, plus précisément de La Roche-sur-Foron. Sa date de naissance n’est pas connue, et seules peu d’informations sur sa vie nous sont parvenues.

Adhémar suit une carrière ecclésiastique. Il rejoint l’ordre des dominicains installés à Plainpalais. Il s’agit d’un groupe religieux mendiant et proche de la population. Confesseur de l’antipape Clément VII, il demeure surtout à ses côtés à Avignon. Il est nommé évêque de Genève en 1385, et occupe cette fonction durant 3 ans, jusqu’à sa mort en 1388. Si son nom est resté dans les mémoires, c’est pour la ratification des franchises et libertés de Genève, un texte qu’il écrit en 1387 et qui confère aux habitants genevois un certain nombre de droits civils.

Adhémar Fabri ratifie les Franchises de Genève le 13 mai 1387

La longue lutte de Genève pour ses libertés

La position stratégique de Genève d’un point de vue géographique a fait de la ville un objet d’enjeux politiques et économiques dès l’Antiquité. Ainsi, les pouvoirs religieux et séculiers y ont toujours été en conflit. L’évêque et les comtes de Genève se disputent le pouvoir dès la fin de la réforme grégorienne au XIe siècle.

Au XIIIe siècle, la maison de Savoie essaie également d’obtenir la mainmise sur la ville. Thomas Ier, comte de Savoie, réussit à réduire la puissance du comte de Genève en 1237 en le condamnant à une forte amende qui le conduit à la ruine. Il s’installe en suite au cœur de la cité, et octroie de nombreux privilèges aux habitants, faisant ainsi diminuer le pouvoir de l’évêque sur Genève.

Cette nouvelle politique amène les citoyens genevois vers une plus grande autonomie, qui les conduira à chercher à s’émanciper davantage. C’est notamment grâce aux foires de Genève qui lui apporte une sûreté économique que la ville peut imposer sa volonté à l’évêque, régulièrement à court d’argent.

En 1263, sous la protection de Pierre II de Savoie, les citoyens commencent leur émancipation. En 1285, ils désignent dix syndics pour les représenter. C’est ainsi que naît la première commune de Genève. En se plaçant du côté des comtes de Savoie, elle acquiert de plus en plus de privilèges. En 1309 enfin, l’évêque Aymon de Quart reconnaît aux citoyens le droit de constituer des syndics pour traiter leurs affaires communes. Dès cette date, les citoyens élisent au début de chaque année quatre syndics ayant les pleins pouvoirs.

Adhémar Fabri ratifie les Franchises de Genève le 13 mai 1387

La confirmation des franchises

Nous, Adhémar, […] désirant traiter en bon père et selon les devoirs d’un pasteur lesdits citoyens, bourgeois, habitants et jurés et les faire bénéficier de faveurs gracieuses ; voulons leur conserver lesdites libertés, franchises, us, coutumes et immunités, et leur en garantir l’usage à tout égard.

En 1387, l’évêque Adhémar Fabri confirme solennellement les franchises accordées aux citoyens et à leurs syndics. Ces libertés, décrites en 79 articles ne sont pas nouvelles. Elles sont la manifestation et la confirmation écrite d’usages qui se sont répandus à Genève depuis plus d’un siècle.

La volonté de laisser dans les mains du peuple une partie du pouvoir est tout de même très novatrice, même si d’autres communes, notamment en Italie, ont des droits similaires. La charte établit des règles de procédure en matières civile et pénale. Elle édicte aussi des mesures visant à la sécurité de la ville, aux rapports juridiques et à l’exercice de certaines professions. Enfin, elle règle la répartition des compétences entre l’évêque et la commune. Elle prévaudra pendant 150 ans, jusqu’à la Réforme.

Adhémar Fabri ratifie les Franchises de Genève le 13 mai 1387

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Sources

Abbé Alain René Arbez. « Au XIVe siècle, un évêque de Genève instaure une forme de démocratie directe ». Tribune de Genève, 10.07.2019. En ligne ici

Binz, Louis. « Fabri, Adhémar ». Dictionnaire historique de la Suisse, 17.11.2004. En ligne ici

Lapaire, Claude et al. Les libertés et franchises de Genève, Genève, 1987.

Images

Images 1 et 4: Photographies de l’auteure

Image 2 : «Sceau de l’évêque».  Genava : revue d’histoire de l’art et d’archéologie, 20 (1942), p. 125. Wikipedia Commons, Domaine public.

Image 3 : Frontispice des franchises de 1387, dans une édition imprimée en 1507 par Jean Belot. Bibliothèque de Genève, Domaine public.

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