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Après plus d’un siècle de revendications, les femmes suisses obtiennent le droit de vote le 7 février 1971. Il est accepté avec une majorité de 65.7%. C’est presque l’exact opposé du résultat de la même votation refusée en 1959, qui comptait 66.9% de non.
En 1848, la première constitution fédérale proclame l’égalité en droit de tous les êtres humains et instaure le suffrage universel masculin. Les femmes, interdites de droits civiques, sont exclues de ces nouveaux principes d’égalité.
Lors de la révision de la Constitution en 1868, on voit apparaître les premiers mouvements féministes. Certaines femmes zurichoises profitent de cette occasion pour réclamer le droit de vote, en vain. Le mouvement féministe du XIXe siècle est alors disparate et hétérogène. Il compte une centaine d’associations locales qui se concentrent sur l’assistance aux femmes et sur l’éducation des filles.
À partir des années 1890, le mouvement féministe connaît un renouveau. Des associations plus grandes et mieux structurées se créent dans les villes. Elles demandent de meilleures possibilités de formation et de travail, et une amélioration du statut des femmes dans le droit civil. Elles revendiquent également des droits politiques pour les femmes.
Dès le début du XXe siècle, on observe la création des premières associations pour le droit de vote des femmes. En 1909, ces associations se constituent ensuite en une Association suisse pour le suffrage féminin (ASSF). L’ASSF milite pour l’égalité sociale, juridique, politique et économique des femmes. Les membres de l’ASSF sont surtout des femmes avec une formation universitaires, mais il y a aussi des hommes.
Pendant la Première Guerre mondiale, les associations féminines s’engagent dans le service social de l’armée. Citoyenneté et service militaire sont mis sur le même plan. Cet engagement volontaire constitue pour ces associations un premier pas vers l’obtention des droits politiques. Les revendications féminines s’intensifient durant cette période. De nombreux cantons reçoivent des demandes pour l’instauration du suffrage féminin, entre 1914 et 1921. Ces dernières échouent toutes. En 1920, l’Association genevoise pour le suffrage féminin lance également une initiative populaire cantonale, rejetée elle aussi. La même année, face à ces différentes initiatives qui pourraient concrétiser l’obtention du droit de vote des femmes, plusieurs associations féminines opposées au suffrage féminin commencent à apparaître. Leurs membres sont issues des mêmes milieux que les partisanes (niveau social élevé, formation universitaire…). Dans leur propagande, elles prônent une séparation claire des tâches masculines et féminines dans la société.
En 1929, l’ASSF remet sa première pétition pour le droit de vote des femmes sur le plan fédéral. Pourvue de 249’237 signatures (78’840 hommes, 170’397 femmes), elle ne produit aucun effet. La crise des années 1930 qui suit ne favorise pas la lutte pour le suffrage. Au contraire, elle renforce les tendances conservatrices et fascistes, qui assignent aux femmes des rôles tournés uniquement vers la sphère domestique.
En 1957, plus de 60 pays ont déjà accordé le droit de vote aux femmes. À cette date, le Conseil fédéral projette l’obligation pour les femmes de servir dans la protection civile. Les associations féminines protestent fortement contre cette nouvelle obligation. Elles refusent d’augmenter le nombre de leurs devoirs envers la Confédération alors qu’elles ne jouissent d’aucun droit politique. La polémique est si vive que le Conseil fédéral présente la même année un projet de votation sur le suffrage féminin. Il est rejeté en 1959 avec 654’939 non (66,9%) contre 323’727 oui (33%).
Cependant, la même année, les cantons commencent à introduire le suffrage féminin au niveau cantonal et communal. Vaud et Neuchâtel sont les premiers à le mettre en place en 1959, suivi de Genève en 1960. De 1966 à 1970, six autres cantons l’instaurent, avant la votation de 1971.
En 1970, une longe campagne précède la votation fédérale sur le droit de vote et d’éligibilité des femmes. Nous sommes après mai 68. Les mentalités ont changé, et la deuxième vague féministe s’étend progressivement en Occident. Tous les partis politiques soutiennent le projet.
Le 7 février 1971, la loi est acceptée par 621’109 oui (65,7%) contre 323’882 non (34,3%), avec un taux de participation de 57,7%. Six cantons et deux demi-cantons refusent le projet : Appenzell Rhodes-Extérieures et Rhodes-Intérieures, Glaris, Obwald, Schwytz, Saint-Gall, Thurgovie et Uri. La plupart des cantons instaurent le suffrage féminin cantonal et communal en même temps ou juste après.
Lorsque le Conseil national est renouvelé le 31 octobre 1971, plusieurs femmes se présentent. 10 d’entres elles sont élues. Elles viennent de 8 cantons, dont 4 romands.
Pour ces militantes, ce n’est pas la fin du combat, mais le début. Elles demandent après cette victoire un salaire égal, une formation de base identique, l’égalité des chances dans la promotion professionnelle, le libre accès à la contraception et la dépénalisation de l’avortement. Plusieurs lois sont votées en faveur des femmes par la suite : la révision du droit matrimonial en 1988, ou encore la loi sur l’égalité en 1996.
Mots-clés: Histoire Suisse et genevoise
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Femmes, pouvoir, histoire. Histoire de l’égalité en Suisse de 1848 à 2000, sous la direction de Claudia Weilenmann, Berne, 2001. URL : https://www.ekf.admin.ch/ekf/fr/home/documentation/geschichte-der-gleichstellung–frauen-macht-geschichte/frauen-macht-geschichte-18482000.html
Voegeli, Yvonne. « Suffrage féminin », Dictionnaire historique de la Suisse, 26.01.2021. URL: https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/010380/2021-01-26
Loez, André. «Luttes féministes en Suisse : Les Conquérantes, avec Zoé Kergomard», Paroles d’histoire, 29.04.2020. URL: http://parolesdhistoire.fr/index.php/2020/04/29/116-luttes-feministes-en-suisse-les-conquerantes-avec-zoe-kergomard/
Image 1 : Pixabay
Image 2 : Manifestation pour le suffrage féminin à Zürich en 1959. ETH-Bibliothek Zürich, Bildarchiv / Sutter, CC BY-SA 4.0.
Images 3 à 5 : Wikipedia Commons